Dans un contexte où le télétravail s’est largement démocratisé, une question se pose : peut-on réellement travailler de chez soi tout en étant malade ? En réponse à cette interrogation, les députés ont récemment voté en commission pour autoriser les médecins à prescrire du télétravail, notamment pour faciliter un retour progressif au travail après un arrêt maladie prolongé. Bien que cette mesure soit prometteuse, elle n’est pas encore définitivement adoptée.
Deux amendements identiques ont été adoptés lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ces dispositions permettraient à un médecin de prescrire la poursuite ou la reprise d’une activité en télétravail en alternative à un arrêt de travail total, sous réserve que l’état de santé du patient le permet. Ces amendements, proposés par les députés Stéphane Viry et Nicolas Turquois, stipulent également que cette prescription se ferait avec l’accord de l’assuré et en fonction de l’éligibilité de son poste à ce mode d’organisation.
Le télétravail, tout en étant accompagné de précautions, pourrait permettre de maintenir le lien entre le salarié et son entreprise à des fins de reprise progressive.
Cette proposition de prescription de télétravail arrive dans un contexte où 76 % des salariés affirment avoir déjà travaillé depuis chez eux alors qu’ils étaient malades. Bien que l’initiative vise à réduire le coût des arrêts maladies, elle soulève des questions éthiques. En effet, le médecin a pour rôle de juger de l’aptitude du salarié à travailler, et permettre à un patient de télétravailler alors qu’il est atteint de maladies courantes comme la grippe ou la gastro peut présenter des risques pour sa santé.
Les défenseurs de cette mesure, cependant, mettent avant tout en avant des cas spécifiques, notamment pour des pathologies comme les troubles musculosquelettiques ou les troubles anxiodépressifs, qui justifieraient un retour plus progressif. Selon le député Viry, cette approche viserait à prévenir la désinsertion professionnelle, réduire les arrêts de travail évitables et maintenir le lien entre le salarié et son entreprise.
Cependant, malgré ces arguments en faveur du télétravail mâtiné de précaution, il convient de noter que cette pratique peut également engendrer un sentiment d’isolement, et pour les sujets psychologiquement fragiles, elle pourrait devenir une source supplémentaire de pression. Pour que ces amendements entrent en vigueur, ils devront être validés lors d’une séance plénière et figurer dans la version finale du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, à voter par le Parlement.
