Une hécatombe silencieuse: pourquoi le nombre de morts au travail est à son plus haut niveau avec 764 décès en 2024

Le constat est alarmant : en 2024, la France a enregistré 764 morts liés à des accidents du travail, un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes. Selon le rapport annuel de l’Assurance Maladie publié le 18 novembre 2025, ce chiffre s’inscrit dans une tendance de progression constante, avec 550 décès en 2020, 645 en 2021, 738 en 2022 et 759 en 2023. Toutefois, ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité, puisque certains secteurs comme la fonction publique, l’agriculture ou les indépendants ne sont pas inclus.

Une analyse plus approfondie révèle que plus de 20% des décès surviennent dans l’année suivant la début de l’emploi, avec une proportion alarmante de plus de la moitié chez les salariés de moins de 25 ans. Ces statistiques pointent du doigt un déficit en contrôles, notamment en matière d’inspecteurs du travail, dont les effectifs ont fortement diminué, facilitant la sous-traitance et le non-respect des normes de sécurité. La sous-traitance, en particulier dans des secteurs comme la santé, la restauration et le BTP, est souvent citée comme un facteur aggravant par des experts.

“Malgré des outils existants et des alertes répétées, la France laisse des milliers de salariés sous-traités face à des risques évitables.”

Les secteurs les plus meurtriers restent le transport, avec 178 morts (+13% en un an), et le BTP, avec 146 décès (-2%). Cependant, d’autres domaines comme l’alimentation enregistrent une hausse inquiétante, avec une augmentation de 21% des décès pour atteindre 82 durant l’année. Malgré cette hausse du nombre de morts, la fréquence des accidents du travail a légèrement diminué en 2024, à 26,4 accidents pour 1 000 salariés, comparée à 33,5 en 2019, montrant une amélioration relative dans la prévention, mais pas dans la mortalité.

Les causes d’accidents restent relativement stables, avec une majorité de cas liés à la perte de contrôle d’équipements ou à des chutes, que ce soit de plain-pied ou de hauteur. Ce qui se dénote également, c’est une augmentation notable des accidents impliquant les femmes, qui représentent désormais 38% des victimes. Les causes principales chez elles sont les chutes, mais aussi les agressions, un phénomène qui progresse depuis le début du siècle, signalant une problématique de sécurité de plus en plus préoccupante.

Parallèlement, les maladies professionnelles, notamment les troubles musculosquelettiques, les pathologies liées à l’amiante et les affections psychiques, connaissent une hausse de 6,7%. Ces dernières ont doublé entre 2020 et 2024, touchant en particulier les femmes de plus de 50 ans et les cadres. Face à cette situation, les propositions pour renforcer la prévention et responsabiliser davantage les entreprises, notamment par un renforcement des contrôles et des inspecteurs du travail, restent en suspens. La réduction des effectifs d’inspecteurs, combinée à la complexification des méthodes de sous-traitance, contribue à aggraver la situation.

En conclusion, malgré une apparente baisse de la fréquence des accidents, la mortalité au travail continue d’augmenter, révélant un besoin urgent de mesures concrètes et efficaces pour protéger les salariés. La lutte contre la sous-traitance et le manque de contrôle resteront des enjeux cruciaux pour inverser cette tendance et garantir la sécurité des travailleurs dans tous les secteurs économiques.

Partagez cet article
article précédent

Une nouvelle norme d’IA teste si les chatbots protègent le bien-être humain

article suivant

Compétences et métiers d’avenir, un programme au cœur de France 2030 – Centre Inffo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Lire plus d'articles