À peine un mois après l’alerte lancée par le Sénat sur la multiplication des entraves aux libertés de création et de diffusion, Rachida Dati, ministre démissionnaire de la Culture, a annoncé le 4 décembre un plan « en faveur de la liberté de création artistique ». Ces mesures impliquent les professionnels et les élus et viennent en réponse à une série d’incidents qui ont jeté une ombre sur la liberté d’expression et de création dans le pays.
Depuis plusieurs années, à bas bruit ou avec éclat, les cas de censure à l’encontre d’œuvres mises à l’affiche d’équipements culturels se multiplient sous des formes diverses et variées : interpellations des responsables de salles et/ou des élus, manifestations, parfois violentes, voire blocage des représentations. Le phénomène a pris suffisamment d’ampleur pour que la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC) en ait débattu lors du Salon des maires et des élus locaux (SMCL) en novembre dernier.
“La commission « culture » du Sénat a émis une série de propositions pour renforcer la liberté de création, une valeur fondamentale de notre société.”
De son côté, la commission « culture » du Sénat a livré le 6 novembre une série de propositions dans le cadre de l’évaluation de la loi relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine (loi « LCAP ») du 7 juillet 2016. Cette loi avait été mise en place pour garantir le respect des libertés de création et de diffusion dans le pays, mais elle semble aujourd’hui insuffisante face à la montée de l’intolérance et des tentatives de censure.
Les actions à venir de la ministre Rachida Dati seront à surveiller de près, car elles indiqueront clairement où se situe le gouvernement français sur l’échiquier de la liberté artistique. L’initiative de la ministre est bienvenue, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. La liberté de création et de diffusion ne doit jamais être prise pour acquise, et chaque incident qui y porte atteinte rappelle combien elle est précieuse.