À l’approche du premier tour des élections législatives ce dimanche, des dirigeants de sociétés et des managers encouragent leurs salariés à se rendre aux urnes, parfois même en exerçant une certaine pression sur eux. Cette incitation à voter ou à s’abstenir intervient alors que la participation à ce scrutin s’annonce comme l’une des plus massives de l’histoire de la 5e République. Un dernier sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche indique en effet que 62 à 64% des Français comptent aller voter.
Mais comment réagir lorsque par désintérêt politique ou en signe de protestation, certains salariés décident de ne pas se déplacer aux urnes? Cette position peut créer des tensions entre collègues, surtout depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Plusieurs arguments sont alors avancés par les patrons pour encourager le vote : “faire barrage” à certaines idées, rappeler que “des gens se sont battus pour exercer ce droit”, etc.
“Même si inciter à voter peut être vu comme un geste citoyen responsable, cela doit rester un acte individuel et libre de chaque salarié”
Pourtant, inciter à voter ne signifie pas violer la liberté d’expression du salarié. Comme l’explique l’avocate en droit social, Justine Coret, « le principe pour les salariés ou les dirigeants, c’est la liberté d’expression, c’est un droit fondamental “. Et cet acte est reconnu comme un geste citoyen neutre incitant à la participation démocratique. D’ailleurs, 62% des cadres pensent que l’entreprise doit inciter ses salariés à aller voter, selon une enquête réalisée avant les élections européennes.
Malgré tout, un équilibre délicat doit être maintenu. Un employeur peut partager son opinion politique ou révéler son vote, mais il ne doit pas demander à ses employés de faire le même choix. Des propos haineux ou racistes peuvent même être sanctionnés. Il revient donc à chaque entreprise de prendre ses responsabilités et de faire preuve de discernement dans la manière dont elle encourage ses salariés à participer à la vie démocratique du pays.
Enfin, pour favoriser la participation au vote, certains employeurs proposent des aménagements d’horaires de travail pour les salariés qui travaillent le dimanche. Concrètement, un employeur a l’obligation de laisser la possibilité au salarié d’aller voter, si ce dernier en fait la demande. Cette règle est applicable même si le bureau de vote est éloigné du lieu de travail. En somme, il est important de faire preuve de bonne intelligence et de ne pas faire obstacle à l’expression du droit de vote.