Une proposition émanant des sénateurs suscite des doutes. Leur idée est d’imposer à tous les actifs français de travailler sept heures supplémentaires par an sans compensation salariale pour financer la Sécurité sociale. Le taux de l’actuelle contribution de solidarité pour l’autonomie passerait de 0,3% à 0,6% pour les employeurs qui bénéficieraient de cette main d’œuvre gratuite, selon la commission des Affaires sociales. La recette générée, estimée à 2,5 milliards d’euros, serait versée à la branche autonomie de la Sécurité sociale, a rapporté le président de la commission des Affaires sociales du Sénat, Philippe Mouiller (LR, Deux-Sèvres).
Cependant, sur BFMTV vendredi, l’économiste Frédéric Bizard a exprimé de sérieuses réserves sur cette mesure. Pour lui, il est indéniable que pour rester compétitif face aux autres pays, la France doit accroître sa productivité globale. Toutefois, l’objectif derrière ce surplus de travail pose question. Si la finalité est de permettre aux gens de s’enrichir davantage ou de refondre de manière significative le système de santé ou de gestion de la perte d’autonomie, Bizard se montre ouvert à la discussion. Néanmoins, selon lui, cette proposition semble plutôt viser à renflouer les caisses de la Sécurité sociale sans amélioration des services.
“Vous allez travailler gratuitement une journée de plus sans que le système de gestion de la perte d’autonomie s’améliore”, critique vivement l’économiste.
Celui-ci souligne le scepticisme légitime des Français face à cette mesure qu’il considère comme injuste pour ceux dotés d’un emploi difficile. Travailler sept heures supplémentaires sans rémunération pèsera lourdement sur les employés au salaire proche du SMIC. Frédéric Bizard déplore également l’absence de réforme structurelle du système de santé ou des Ephad, qu’il estime nécessaire. Il table plutôt sur l’idée d’une véritable refonte de la gestion de l’autonomie et du système de santé.
Dernièrement, l’économiste redoute également le manque d’acceptation sociale de cette mesure qu’il juge injuste du point de vue social. Pour lui, sans perspective d’amélioration des services publics, difficile de justifier ce surplus de travail demandé aux Français.