Une proposition de mesure faite par les sénateurs suscite à la fois interrogation et scepticisme. L’idée est de demander aux travailleurs de faire 7 heures de plus par an sans rémunération pour contribuer au financement de la Sécurité Sociale. En échange, le taux de la contribution de solidarité pour l’autonomie passerait de 0.3% à 0.6% pour les employeurs. Selon Philippe Mouiller, président de la commission des Affaires sociales du Sénat, cette contribution pourrait rapporter jusqu’à 2.5 milliards d’euros à la branche autonomie de la Sécurité sociale. Cependant, l’économiste Frédéric Bizard, spécialiste des questions de protection sociale et de santé, exprime de sérieuses réserves.
“La productivité est actuellement plus faible, donc si on veut rester compétitif, il faut travailler collectivement plus”, admet Bizard. Néanmoins, la vraie question est de savoir à quelle fin ? Si c’est pour permettre aux gens de se rendre plus riches, pourquoi pas. Si c’est pour améliorer le système de santé ou le système de gestion de la perte d’autonomie, cela pourrait être justifié. En revanche, si c’est simplement pour combler les déficits sans qu’il y ait amélioration des services rendus, alors la proposition devient plus difficile à vendre.
“Proposer plus de travail sans plus de revenus, sans des services publics plus performants ni des comptes à l’équilibre rend cette mesure difficile à défendre”, souligne Frédéric Bizard.
Bizard estime que cette proposition est injuste socialement. Pour ceux qui effectuent des travaux pénibles et dont les rémunérations sont proches du Smic, ajouter 7 heures de travail non rémunérées représente un effort important, mettant en lumière l’injustice sociale de la mesure. “Cette mesure ne règle rien”, souligne l’expert, doutant fortement de l’acceptation sociale de la proposition.
Face à cette situation, Bizard plaide pour une véritable restructuration du système de santé et de gestion de l’autonomie. Selon lui, l’annonce de “sang, de sueur et de larmes” est dépourvue de perspectives d’améliorations structurelles, rappelant la nécessité des réformes. L’absence d’une telle réforme pour les Ephad, qui sont “à l’os et qui sont un concept mort”, est un exemple frappant du besoin de restructuration.
Le scepticisme et les réserves exprimées par l’économiste Frédéric Bizard soulignent donc les défis associés à l’acceptation sociale de la mesure, ainsi que le besoin urgent de réformes structurelles pour réellement améliorer la situation.