Le quiet vacationing, ou l’art de partir en vacances sans prévenir son employeur, est une tendance qui prend de l’ampleur, notamment aux États-Unis. Dans un contexte de télétravail généralisé, cette pratique consiste à s’éclipser discrètement tout en maintenant l’apparence d’une activité professionnelle. Les salariés, armés de technologie, continuent de répondre aux emails, se connectent aux réunions en visioconférence, tout en profitant de moments de détente loin du bureau. En apparence, tout semble normal pour leurs collègues et supérieurs, mais en réalité, ils sont peut-être en train de siroter un cocktail sur une plage paradisiaque.
Le concept de quiet vacationing est apparu dans un contexte de forte pression professionnelle et de réduction des jours de congés disponibles, notamment aux États-Unis. Selon une enquête de Harris Poll, 28 % des salariés américains ont déjà simulé être au travail alors qu’ils étaient en réalité en vacances. Le phénomène est particulièrement répandu dans les secteurs où le télétravail est devenu la norme, permettant une plus grande flexibilité, mais aussi une surveillance moins directe de l’activité des employés.
“Le quiet vacationing est un symptôme d’une culture du travail où le surmenage est souvent valorisé au détriment de l’équilibre personnel.”
Pourquoi un tel engouement pour le quiet vacationing ? La principale raison est la peur de passer pour des tire-au-flanc dans un environnement de travail ultra-compétitif. Aux États-Unis, où les congés payés sont souvent limités à quinze jours par an, demander du temps libre peut être perçu comme un signe de faiblesse ou de manque de dévouement. Cette pression à rester constamment connecté et productif pousse certains employés à contourner les règles en s’absentant discrètement. La culture du travail aux États-Unis, où seulement 20 % des salariés disposent de congés payés suffisants, alimente cette tendance. Beaucoup ressentent une forte culpabilité à l’idée de poser des jours de congé. L’étude menée d’Harris Poll révèle que 47 % des salariés américains culpabilisent de demander des jours de congé, ce qui les conduit souvent à réduire le nombre de jours pris.
Le quiet vacationing apparaît alors comme une solution de compromis : les employés prennent du repos sans nuire à leur image professionnelle. Cependant, cette pratique n’est pas sans risque. Le fait de dissimuler ses vacances derrière un écran peut conduire à un épuisement, car le salarié ne bénéficie pas d’un véritable temps de déconnexion. De plus, si cette stratégie venait à être découverte, les conséquences pourraient être sévères, allant de la réprimande au licenciement. Il est important de noter que cette tendance reflète une crise plus profonde : celle de l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. En brouillant les frontières entre le travail et le repos, le quiet vacationing souligne la difficulté croissante pour de nombreux employés de se déconnecter réellement. Cette incapacité à prendre du repos véritablement réparateur peut entraîner une baisse de la productivité à long terme, ainsi qu’un impact négatif sur la santé mentale des salariés.