“Taper du poing sur la table ne suffira pas” à faire revenir les gens au travail: le taux d’absentéisme continue de grimper en flèche

Illustration générée par intelligence artificielle

Le taux d’absentéisme en France a atteint un nouveau sommet, passant de 5,3% en 2023 à 5,8% en 2024, selon le baromètre annuel publié par Mercer. Ce chiffre témoigne d’une tendance persistante d’augmentation qui a débuté après la pandémie de Covid-19. En effet, on observe une montée continue depuis 2021, où le taux était de seulement 4,8%. La situation est préoccupante, car un salarié sur trois s’est absenté au moins une fois en 2024, tout en constatant que la durée moyenne des arrêts a également augmenté, passant de 18 à 19 jours sur une année.

Les causes de cette montée de l’absentéisme sont diverses, mais la santé mentale émerge comme un facteur dominant. “Les absences liées au travail étaient traditionnellement attribuées aux troubles musculo-squelettiques, mais aujourd’hui, les risques liés à la santé mentale deviennent une cause majeure”, souligne le rapport. Les burn-out et dépressions entraînent souvent des arrêts de plusieurs mois, ce qui illustre la gravité des enjeux de santé mentale dans le monde professionnel.

Il est primordial d’aller au-delà des mesures punitive pour aborder les véritables causes de l’absentéisme.

La distinction entre les types d’arrêts de travail est également cruciale pour comprendre cette dynamique. Les arrêts de moins de 6 jours, souvent liés à des maladies ordinaires, sont en légère augmentation, tandis que les arrêts longs de plus de 15 jours sont ceux qui affichent la plus forte hausse de 6%. Ce dernier groupe inclut des maladies graves, des troubles musculosquelettiques, ainsi que des problématiques psychologiques. La directrice santé et prévoyance chez Mercer France, Camille Mosse, souligne que “les troubles profonds de santé mentale, comme le burnout ou la dépression, engendrent des arrêts prolongés”.

Les femmes sont particulièrement affectées par la crise actuelle de santé mentale, affichant un taux d’absentéisme de 7,9% contre 4,4% pour les hommes. Cette disparité s’explique non seulement par des facteurs physiologiques, mais aussi par la structure des congés parentaux, qui pénalisent davantage les femmes, souvent en congé maternité. De plus, la crise de santé mentale ne concerne pas seulement les jeunes générations; les travailleurs plus âgés font également face à des enjeux psychosociaux, exacerbés par leur difficulté à s’adapter aux évolutions rapides du monde du travail.

D’un point de vue collectif, il devient urgent d’inverser cette tendance. La dégradation des conditions de travail pourrait être à l’origine de l’augmentation des arrêts pour accident du travail ou maladie professionnelle, qui a également progressé. Le baromètre Mercer révèle que les entreprises doivent prendre ces problématiques au sérieux afin d’enrayer cette montée de l’absentéisme. Néanmoins, alors que le gouvernement envisage de prendre des mesures plus strictes concernant les arrêts maladie, des experts comme Camille Mosse mettent en garde contre des solutions trop simples. “Taper du poing sur la table et demander aux Français de revenir au travail ne suffira pas”, affirme-t-elle, appelant à des solutions structurelles pour garantir un rétablissement durable.

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