“Tafs alimentaires” ou emplois précaires: ces jeunes diplômés en recherche de CDI sont décontenancés par un marché du travail en berne

Illustration générée par intelligence artificielle

Face à un marché du travail en tension et à un chômage en hausse, de nombreux jeunes diplômés se retrouvent contraints d’accepter des jobs précaires ou alimentaires en attendant un emploi stable correspondant à leur formation. Gauthier Burgess, Parisien de 24 ans, témoigne de sa situation délicate : “Je suis dans un tunnel de recherche depuis onze mois”. Diplômé en ingénierie en biologie industrielle, il peine à trouver une stabilité, s’inquiétant de ne pas obtenir mieux que des CDD. L’absence de propositions en CDI n’est pas seulement un constat personnel, mais un reflet d’une tendance plus large dans le marché du travail.

Les statistiques du ministère du Travail illustrent cette précarisation croissante : les embauches en CDI ont reculé de 6,5% au printemps dernier par rapport à 2024, tandis que les CDD ont, quant à eux, augmenté de 3,9%. Les jeunes, en particulier, sont les plus touchés par ce phénomène, avec une augmentation de près de 30% du chômage parmi les moins de 25 ans. Pour Jean-François Giret, directeur du Céreq, ce retournement de situation n’est pas surprenant : “En période de crise, ce sont les premiers touchés”.

Malgré les difficultés d’accès à l’emploi, l’effet cicatrice sur le long terme reste relativement faible pour les jeunes diplômés.

Cette précarité touche également les diplômés les plus qualifiés. Sébastien Popineau, 28 ans, diplômé de Sup’Aéro et HEC, illustre cette réalité : “On s’attend à une facilité de l’emploi et en fait, il faut quand même sortir les pagaies”. Ce sentiment de désillusion se retrouve chez de nombreux jeunes. Mona, 26 ans, a envoyé plus de 200 candidatures dans le secteur culturel, mais se heurte à des difficultés majeures, notant que les employeurs semblent privilégier des contrats temporaires plutôt que de véritables perspectives d’emploi.

Le constat est similaire pour Zineb Chiheb, 23 ans, qui se heurte à un marché du travail exigeant et peu conciliant. “On demande toujours au moins trois ans d’expérience – et l’alternance et les stages ne comptent pas”, déplore-t-elle. Malgré ces obstacles, plusieurs jeunes continuent de se battre : Ratshiya Thiruchelvam, 24 ans, spécialisée en design graphique, partage son expérience en travaillant sur des projets pour son portfolio, tandis que Gatien Teissère, 22 ans, envisage des remplacements dans l’éducation nationale.

Bien que les défis actuels soient pertinents, Jean-François Giret rappelle que ces difficultés ne devraient pas avoir de conséquences à long terme : “L’effet cicatrice reste relativement faible, c’est-à-dire que des générations qui sont rentrées à des mauvais moments sur le marché du travail rattrapent finalement leur retard après plus ou moins cinq ans”. Un message d’espoir, alors que ces jeunes diplômés continuent leur quête d’un emploi stable, malgré la tempête actuelle du marché du travail.

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