Rémunération, consultations… A quoi pourrait ressembler le métier d’infirmier à l’avenir?

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Depuis près d’un an, quelque 640 000 infirmiers, dont plus de 120 000 exerçant en libéral, attendent une “refondation” de leur métier et des études qui y conduisent. Ces professionnels de santé, très sollicités pendant la crise sanitaire, viennent d’obtenir des engagements de la part du gouvernement. En effet, jeudi, ils ont initié des discussions avec l’Assurance Maladie portant sur plusieurs de leurs demandes. Parmi celles-ci figurent une refonte de leur rémunération, jugée insuffisante, l’allègement des tâches administratives, une reconnaissance plus grande de leur travail et une hausse des tarifs de leurs actes, inchangés depuis une quinzaine d’années.

Durant trois mois, de nombreux infirmiers libéraux “à bout de nerfs” ont manifesté pour faire entendre leurs revendications et alerter sur leur épuisement. Certains ont même exposé des cercueils en symbole de “l’agonie” de leur profession. Toutefois, les tensions se sont quelque peu apaisées au début du mois d’avril. Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, a en effet promis d’ouvrir divers chantiers relatifs à la “pénibilité” du travail des infirmiers, aux “dysfonctionnements” dans leurs relations avec l’Assurance Maladie et à l’élargissement de leurs compétences.

“Certes, la situation s’améliore, mais la question de la rémunération, qui est à l’origine de leurs mobilisations, ne saurait attendre jusqu’à l’automne.”

Dans une interview accordée au journal La Tribune, Valletoux a déclaré vouloir “faire évoluer la loi” pour que les infirmiers puissent prendre davantage part au suivi des maladies chroniques et délivrer certaines prescriptions. Néanmoins, l’idée de consultations infirmières a suscité des critiques de la part de certains syndicats de médecins. L’un d’eux, l’UFML-S, y voit une menace pour la profession médicale, les praticiens risquant d’être “remplacés par des [professionnels] moins formés, moins compétents”.

Malgré ces critiques, les représentants des infirmiers saluent ces annonces qui marquent une nouvelle étape dans la reconnaissance de leur profession. Daniel Guillerm, président du syndicat majoritaire chez les infirmiers libéraux (FNI), estime que ces consultations offriraient “un espace d’éducation thérapeutique”. Par exemple, les infirmiers pourraient enseigner aux patients diabétiques comment gérer leur traitement et leur alimentation. Ils pourraient également accompagner des patients sortant de l’hôpital, souvent désemparés face à la masse d’informations reçues.

Pour la présidente de Convergence Infirmière, Ghislaine Sicre, cette approche plus globale des soins représente une avancée majeure, qui devrait prévenir certaines complications et hospitalisations. Outre l’annonce de ces mesures, Frédéric Valletoux a promis de publier d’ici cet été tous les décrets d’application des lois adoptées l’an dernier. Parmi ces changements figurent notamment : l’autorisation pour les infirmiers formés de délivrer des certificats de décès ; la création du statut d’infirmier référent dans le suivi des pathologies chroniques ; ou l’élargissement du droit de prescription pour certaines infirmières spécialisées (IPA). Les infirmiers devraient aussi obtenir plus d’autonomie dans la prise en charge des plaies.

Cependant, malgré ces avancées, les syndicats déplorent que la question des rémunérations soit repoussée à l’automne. Pour eux, cette revendication initiale, qui a conduit les infirmières à se mobiliser, ne peut plus attendre.

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