Les débats parlementaires récentes ont confirmé un tournant majeur dans la gestion des retraites en France, avec notamment un dispositif durci pour les retraités actifs avant l’âge de 67 ans. Plusieurs syndicats, dont la Fédération des médecins de France (FMF), ont vivement dénoncé ces nouvelles mesures, soulignant qu’elles alourdissent considérablement la pénibilité pour ceux qui souhaitent reprendre une activité après leur départ à la retraite. Ces critiques s’inscrivent dans une opposition à un système jugé trop restrictif, surtout pour les professions où le recours au cumul emploi-retraite est une ressource essentielle.
De son côté, le gouvernement justifie ces changements en s’appuyant sur les analyses de la Cour des comptes, qui insistent sur la nécessité de limiter les situations de double revenus où pension élevée et activités rémunérées se chevauchent. La mesure phare concerne la rupture du cumul avant 64 ans, où chaque euro gagné au travail sera déduit intégralement de la pension, rendant ainsi toute reprise d’activité peu attractive pour les retraités. Entre 64 et 67 ans, un nouveau dispositif de cumul partiel est instauré : le retraité pourra percevoir sa pension sans réduction jusqu’à un plafond de revenus d’activité, puis verra sa pension réduite de moitié du dépassement une fois ce plafond franchi.
La réforme complexifie la gestion des fins de carrière mais offre de nouvelles opportunités à partir de 67 ans, notamment par la suppression du plafond de revenus.
Ce régime de plafonnement risque d’avoir un impact immédiat dans certains secteurs, en particulier dans la médecine où le cumul emploi-retraite constitue une ressource stratégique pour faire face à la pénurie de personnel qualifié. Les responsables des ressources humaines devront anticiper ces nouvelles contraintes, ce qui pourrait entraîner une baisse de disponibilité des seniors, notamment dans les structures déjà confrontées à des difficultés de recrutement. Par ailleurs, à partir de 67 ans, la situation change radicalement puisqu’il devient possible de cumuler une pension et des revenus sans plafond, tout en acquérant une seconde pension non plafonnée, ce qui constitue un levier important pour attirer et retenir les seniors expérimentés.
Les avancées majeures concernent également la suppression du délai de carence, permettant une réembauche immédiate des retraités. Cette mesure facilite la gestion des pics d’activité et la transmission des compétences, surtout dans les métiers techniques où l’expérience est précieuse. Toutefois, cette flexibilité impose aux entreprises une planification minutieuse, notamment en matière de stratégie RH, pour éviter les pénuries et optimiser la gestion des compétences silovées par l’expérience. Les entreprises devront ainsi repenser leur gestion de fin de carrière tout en se préparant à la nouvelle organisation qu’imposera cette réforme.
