Face à la crise climatique, notre dépendance excessive aux technologies numériques dans l’éducation est remise en question. Il s’agit d’un défi de taille, car le numérique est désormais un outil pédagogique incontournable dans la les modalités de l’enseignement moderne. Dans ce contexte, comment concilier exigence écologique et qualité de l’enseignement ? Pour Amadou Yoro Niang, docteur en sciences de l’éducation de l’Université Lumière Lyon 2 et maître de conférences titulaire en psychopédagogie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la réponse pourrait résider dans une redéfinition du rôle des formateurs.
Selon Niang, pour atteindre une sobriété numérique en formation, il est nécessaire d’équiper les formateurs de moyens d’analyse leur permettant de progresser dans leur métier, en se basant sur leurs propres investigations. Cela signifie rompre avec les formes d’apprentissage passives et consuméristes pour encourager une pédagogie centrée sur la réflexivité et l’action.
“Au coeur de ce paradigme innovant se trouve le renforcement de l’autonomie des enseignants et le développement d’une pédagogie plus écologiquement responsable.”
Ainsi, Niang propose un modèle innovant dans lequel les formateurs ne se contentent pas de transmettre des connaissances, mais deviennent des « praticiens réflexifs ». C’est-à-dire des enseignants capables de conduire des recherches sur leur propre pratique, de l’analyser et de l’adapter en fonction des situations rencontrées, et ce sans systématiquement recourir aux outils numériques.
Il s’agit d’une démarche qui met en valeur l’expérience, le jugement et la créativité de l’enseignant. Elle encourage une pédagogie active et donne aux enseignants une plus grande marge de manœuvre pour adapter leur pratique en fonction de leurs apprenants, mais aussi du contexte environnemental et social. Par ce biais, la formation devient non seulement plus efficace, mais aussi plus écologique.