Le gouvernement américain, sous l’administration Trump, a récemment décidé d’investir jusqu’à 150 millions de dollars dans xLight, une startup spécialisée dans la fabrication avancée de puces. Cette initiative marque la troisième fois que les autorités américaines prennent une participation dans une startup privée, illustrant une stratégie de plus en plus controversée visant à renforcer l’industrie nationale tout en maintenant un pied dans le capital des entreprises privées américaines. Selon le Wall Street Journal, le Département du Commerce apportera ce financement en échange d’une participation en capital, faisant probablement de l’État le principal actionnaire de la société.
Ce partenariat s’inscrit dans le cadre de la loi Chips and Science Act de 2022, qui vise à stimuler la fabrication de semi-conducteurs aux États-Unis. Bien que cette opération soit encore à un stade préliminaire et susceptible d’évoluer, elle marque néanmoins le premier lancement de ce programme dans le cadre du second mandat de Donald Trump. Précédemment, des investissements publics avaient déjà été réalisés dans des entreprises cotées telles qu’Intel, MP Materials, Lithium Americas ou Trilogy Metals, ainsi que dans deux startups d’éléments rares le mois dernier. Ces démarches soulèvent de nombreuses interrogations, notamment dans la Silicon Valley où le libéralisme économique demeure de mise.
Les investisseurs du secteur technologique craignent que cette stratégie de participation publique ne modifie fondamentalement la dynamique de l’innovation et ne crée un conflit d’intérêts avec les entreprises privées.
La startup xLight, basée à Palo Alto, tente de réaliser quelque chose d’audacieux dans le domaine de la fabrication de semi-conducteurs. L’entreprise aspire à construire des lasers alimentés par des accélérateurs de particules, de la taille d’un stade de football, destinés à produire des sources de lumière plus puissantes et précises pour la fabrication de puces. Si cette technologie voit le jour, elle pourrait remettre en question la domination quasi totale d’ASML, le géant néerlandais, qui détient depuis 1995 un monopole sur la lithographie à ultraviolets extrêmes. La société a vu ses actions grimper de 48,6 % cette année, illustrant l’appétit des investisseurs pour ces innovations disruptives.
Le PDG de xLight, Nicholas Kelez, expert en informatique quantique et en laboratoires gouvernementaux, possède une solide expérience dans le domaine. Aux côtés de lui, Pat Gelsinger, ancien PDG d’Intel, joue un rôle de président exécutif. Gelsinger, qui a été évincé d’Intel à la fin de l’année dernière, considère cette aventure comme « profondément personnelle », soulignant l’importance stratégique de ce projet dans la course mondiale à la supremacy technologique. La technologie développée par xLight vise à atteindre une longueur d’onde de 2 nanomètres, contre 13,5 nanomètres pour les machines actuelles d’ASML, promettant une efficacité accrue de 30 à 40 % tout en réduisant la consommation d’énergie.
Lors du prochain événement TechCrunch Disrupt, ces protagonistes seront en séance pour discuter de ce partenariat inattendu, où le soutien financier du gouvernement sera sans doute au centre des débats. Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, insiste sur le fait que cette collaboration contribue à la sécurité nationale et au leadership technologique américain, affirmant que cela pourrait « fondamentalement réécrire les limites de la fabrication de puces ». Cependant, la question demeure : cette intervention publique dans le capital privé constitue-t-elle une vision stratégique pour l’indépendance technologique ou un exemple de capitalisme d’État aux allures patriotiques, suscitant la méfiance des experts et des investisseurs cyniques.
