Néanmoins, selon une étude d’ADP, un spécialiste des solutions RH, la part de télétravailleurs effectuant des heures supplémentaires gratuitement est en baisse sur une année. Si le télétravail est devenu une habitude chez les salariés français en raison de la crise de Covid, c’est une pratique à double tranchant. Trop utilisé, il peut provoquer un isolement social et peut être associé à une perte de productivité par les directions. Malgré cela, la propension des télétravailleurs à travailler plus que d’habitude est confirmée par de nombreuses études.
En effet, une augmentation du nombre d’heures effectivement travaillées est observée, mais elle n’est généralement pas accompagnée par le paiement d’heures supplémentaires, alors qu’un salarié en présentiel peut le réclamer. Selon la dernière enquête “People at Work 2023” d’ADP, plus des deux tiers (68% contre 56% de leurs collègues sur site) des télétravailleurs déclarent effectuer des heures supplémentaires non rémunérées.
“Les travailleurs à distance donneraient en moyenne à leurs employeurs l’équivalent de 7,66 heures supplémentaires non rémunérées effectuées sur leur temps libre chaque semaine, comparé à la moyenne de 5,06 heures pour ceux qui travaillent sur site”, précise l’étude d’ADP.
Toutefois, la part de télétravailleurs effectuant des heures supplémentaires gratuites est en baisse, passant de 76% en 2022, mais le nombre d’heures est en hausse puisqu’il était en moyenne de six heures lors de la précédente étude. La moitié des télétravailleurs ressentent une pression pour faire ces heures supplémentaires, que ce soit en commençant leur journée de travail plus tôt, en prenant des pauses raccourcies ou en restant disponibles en dehors des heures de travail habituelles.
De plus, selon l’étude, 51% des télétravailleurs se disent prêts à faire des heures supplémentaires non rémunérées pour sécuriser leur emploi, contre seulement 26% des collaborateurs en présentiel. 54% se sentent même jugés du fait qu’ils jouissent de conditions de travail flexibles.
Carlos Fontelas De Carvalho, président d’ADP en France et en Suisse, commente : “Il est encourageant de constater que le nombre de télétravailleurs effectuant des heures supplémentaires non rémunérées est en baisse. Cependant, la quantité d’heures réalisées reste inquiétante et illustre le non-respect du droit à la déconnexion”. Il souligne aussi que “Si la généralisation du travail à distance a été bénéfique pour de nombreuses entreprises, le 100% télétravail peut engendrer des effets néfastes, notamment l’augmentation du stress et des risques psycho-sociaux, et a développé le sentiment d’insécurité professionnelle”. Il ajoute enfin que “La mise en place du télétravail doit être bien réfléchie, avec par exemple des formations pour aider les managers à détecter les ‘signaux faibles’ de risques de stress à distance ou de sentiment d’insécurité dans l’emploi.”