“Paris est le meilleur endroit en Europe actuellement”: malgré des salaires mirobolants aux États-Unis, ces talents de l’IA veulent travailler en France

Selon l’ancienne vice-présidente de la recherche en intelligence artificielle chez Meta, “la qualité et la densité de talents en France sont vraiment exceptionnelles”. Dans un contexte géopolitique marqué par l’incertitude, ces jeunes diplômés en IA ne disposent pas forcément de l’envie ou de la volonté de s’expatrier vers la Chine ou les États-Unis, privilégiant souvent de rester en France pour faire avancer leur carrière.

Sur le campus de l’Université de Paris-Saclay, situé dans un cadre boisé au sud de Paris, la formation des futurs spécialistes en intelligence artificielle (IA) attire des profils d’élite très prisés, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Malgré les salaires très attractifs proposés outre-Atlantique, beaucoup de jeunes français comme Manon Arfib, en dernière année à CentraleSupélec, envisagent leur avenir en France. Elle souhaite intégrer un centre de R&D dans le secteur de l’énergie ou de la transition écologique, afin de participer activement à l’essor de l’IA dans le pays.

“La France se positionne comme un acteur central en Europe dans le secteur de l’intelligence artificielle, avec des talents de classe mondiale et un environnement favorable à l’innovation.”

Frédéric Pascal, vice-président en charge de l’IA à Paris-Saclay, rappelle que la région produit des scientifiques et ingénieurs d’élite, se classant deuxième au niveau mondial en mathématiques après Harvard. Selon lui, Paris représente actuellement “le meilleur endroit en Europe” pour faire de l’IA, renforçant ainsi la position de la France parmi les leaders mondiaux dans ce domaine.

Le pays se targue également d’être le troisième au niveau mondial en nombre de chercheurs spécialisés en IA. Des figures prestigieuses y évoluent, comme Yann LeCun, chez Meta, ou Joëlle Barral, chez Google DeepMind, illustrant la vitalité du secteur français à l’international. Sur le campus de Paris-Saclay, Mathis Pernin, étudiant en master MVA, souligne que Paris est “le meilleur endroit en Europe” pour poursuivre des études en IA, notamment pour ses opportunités dans le secteur privé, y compris dans des startups ou des grands groupes.

Joëlle Pineau, directrice de l’IA chez Cohere, société canadienne, souligne que beaucoup de talents qui auraient jadis choisi les États-Unis préfèrent désormais construire leur carrière en Europe en raison du contexte géopolitique. “Beaucoup plus de personnes souhaitent aujourd’hui rester en Europe”, affirme-t-elle, ce qui se reflète dans leur implantation à Paris, où Cohere a récemment ouvert un bureau en septembre et prévoit de doubler ses effectifs d’ici 2026. La capitale attire également des start-ups américaines telles qu’Anthropic ou OpenAI, cherchant à profiter du vivier exceptionnel français.

La qualité des talents français ne passe pas inaperçue à l’échelle mondiale. “La qualité et la densité de talents en France sont vraiment exceptionnelles”, insiste Joëlle Pineau. Cependant, la concurrence est rude pour recruter ces experts, comme l’indique Charles de Fréminville, de Mistral AI, qui déclare recevoir plusieurs milliers de candidatures par semaine et ambitionne de doubler ses effectifs à 1.200. Pour la région Paris-Saclay, l’objectif est de faire doubler le nombre de diplômés en IA d’ici cinq ans, afin de répondre à la forte demande du secteur.

Malgré ce dynamisme, certains acteurs, notamment des petites entreprises comme Gojob, déplorent une pénurie persistante de talents de haut niveau. Pascal Lorne, leur patron, déclare que “les écoles ne sortent pas suffisamment de talents pour répondre à la demande”. Les étudiants diplômés, quant à eux, reçoivent de nombreuses offres chaque semaine, témoignant de l’intérêt croissant pour les métiers liés à l’intelligence artificielle. L’université Paris-Saclay souhaite ainsi augmenter de manière significative le nombre de ses diplômés en IA, passant de 1.500 à 3.000 par an, dans les années à venir, afin de soutenir la croissance nationale dans ce domaine stratégique.

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