On stagne, on ne prend pas de responsabilité et on reste bloqué au même salaire… Pourquoi en France le manque de perspectives emmure les salariés dans le mal-être au travail

En France, la question de l’évolution professionnelle a longtemps été perçue de manière verticale : pour progresser et augmenter ses revenus, il fallait devenir manageur. Ce système hiérarchique, trop vertical, limite la possibilités de développement des compétences et contribue grandement à l’insatisfaction des salariés. Aujourd’hui, beaucoup cherchent des alternatives pour s’épanouir sans nécessairement gravir les échelons managériaux.

Malgré une majorité de Français déclarant être globalement satisfaits de leur travail (68% selon le baromètre du cabinet Ekilibre), un mal-être profond persiste. Trois-quarts des salariés évoquent vivre un stress quotidien et l’absentéisme est en hausse. La contestation sociale, notamment la colère face à la réforme des retraites et l’allongement de l’âge de départ, souligne une interrogation plus générale sur le sens du travail et les perspectives offertes à chaque individu.

Les salariés ne veulent pas forcément devenir managers, mais aspirent à un développement de leurs compétences et à une reconnaissance de leur expertise.

Ce mal-être trouve ses racines dans plusieurs facteurs : conditions de travail difficiles, épuisement, manque de reconnaissance, stress ou encore insuffisance des moyens mis à disposition. Cependant, une cause souvent négligée reste l’absence de véritables perspectives d’évolution de carrière ou de rémunération. La France, un pays où les salariés se sentent souvent bloqués dans des structures rigides, voit ses opportunités d’épanouissement limitées par un système dépassé.

Selon Benoît Serre, co-président du cercle Humania, l’éventail d’évolution doit être compris dans une diversité de formes. “L’évolution n’est pas uniquement verticale”, affirme-t-il. La majorité des salariés—seulement 15%—souhaitent devenir manager. La véritable clé réside alors dans le développement des compétences et de l’expertise, notamment par une mobilité horizontale ou transversale, permettant aux salariés d’accroître leur satisfaction et leur sentiment d’accomplissement.

Par ailleurs, les chiffres du cabinet Ekilibre montrent que la possibilité d’acquérir de nouvelles compétences est fortement corrélée à la satisfaction au travail. Un constat alarmant puisque 41% des salariés peu satisfaits rencontrent souvent ou toujours des obstacles dans leur développement professionnel, contre seulement 7% pour ceux qui sont très satisfaits. En plus, le plafonnement des salaires depuis les années 80, couplé à la stagnation de la rémunération proche du SMIC, accentue la frustration et entrave l’ascenseur social.

Face à ces enjeux, il apparaît clairement que le modèle français basé sur la hiérarchie stricte doit évoluer. Si travailler jusqu’à 64 ans ou plus devient une réalité pour beaucoup, cette longévité professionnelle doit s’accompagner d’une pluralité dans les trajectoires : apprendre, changer de poste, ou se spécialiser. La génération Z, en particulier, soulève la nécessité de diversifier les parcours pour valoriser la capacité à apprendre et à s’adapter, traduisant une évolution culturelle profonde. Développer ces nouveaux modèles d’évolution apparaît comme une étape essentielle pour redonner du sens au travail et permettre à chacun de s’épanouir.

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