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Stimuler les échanges et l’innovation, entretenir la culture d’entreprise, mais aussi restaurer du contrôle ou pousser les salariés vers la sortie… Voici les raisons pour lesquelles plusieurs entreprises réduisent les possibilités de télétravail. Petit à petit, les reculs se multiplient. Ces derniers mois, les exemples d’entreprises annonçant une réduction du télétravail se sont multipliés. Ubisoft, Amazon, Stellantis… et dernièrement Free ont appuyé sur le frein. La Société générale a également annoncé le passage à un jour par semaine à distance, contre 2 ou 3 actuellement.
Loin d’un retour au tout présentiel, les exemples français montrent plutôt une réduction du nombre de jours de télétravail accordés. Mais cela reflète tout de même un changement du regard porté par un certain nombre de dirigeants français sur le télétravail. Mais alors comment expliquer ce recul? La confiance bâtie entre les manageurs et les télétravailleurs depuis la crise du Covid est-elle en train de s’étioler? Et surtout pourquoi maintenant?
“Les salariés sont très attachés au télétravail, reculer peut entraîner une perte de confiance, de la démotivation, voire de l’absentéisme.”
“On arrive à l’heure des bilans tout simplement”, explique Caroline Diard, enseignante-chercheuse en management et RH. “De nombreux accords d’entreprises mis en place en 2021 arrivent à échéance, c’est le moment de se poser des questions: est-ce qu’on va plus loin? Est-ce qu’on freine?” Les entreprises qui ont décidé de réduire le télétravail n’ont pas communiqué sur une éventuelle baisse de la productivité. Les études sur le sujet ne dessinent d’ailleurs pas de consensus sur une hausse ou une baisse de cette dernière.
Cependant, selon le vice-président de l’Association nationale des DRH, Benoît Serre, la baisse d’émulation entre salariés est un problème. “Il y a deux types de productivité: individuelle et collective”, explique-t-il. “La productivité collective, celle qui est créée par les interactions, a baissé”. Il pointe également que l’absence d’un véritable travail hybride et l’inadaptation des process pourraient nuire à l’efficacité des équipes.
Enfin, il semblerait que derrière ces décisions, il y ait également des velléités de contrôle accru de la part des employeurs. Caroline Diard note que la visibilité des salariés en télétravail complique la gestion pour certains manageurs. Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’UNSA, souligne que le management en France, souvent vertical, favorise la présence physique pour surveiller. Cette tendance apparaît étonnante, surtout après les avancées observées durant la période de travail à distance imposée par la crise sanitaire.
Dans un contexte économique moins favorable qu’au rebond post-Covid, un dernier facteur pourrait être sous-jacent à la réduction du télétravail : le désir de “dégraisser les effectifs à moindres frais”. Cela pourrait signifier que les entreprises cherchent à se séparer de certains salariés en rendant leur retour au bureau obligatoire. Mais cette stratégie peut être risquée pour la confiance des salariés et leur motivation, prévient Caroline Diard.
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