En réplique à l’émission Complément d’enquête “A qui profitent les milliards de l’apprentissage”, diffusée le 25 avril dernier, les représentants des apprentis et des directeurs de CFA (Centres de Formation d’Apprentis) ont été poussés à réagir. Cette émission a souligné le fait que l’apprentissage est devenu un système largement profité et abusé, financé principalement par les fonds publics et soumis à des contrôles lacunaires.
Ces acteurs clés de l’éducation et de l’insertion professionnelle des jeunes ont réclamé une plus grande rigueur dans le contrôle des subventions publiques, ainsi qu’un meilleur suivi de la qualité des formations offertes. Ils estiment que “le gouvernement a tout fait pour libéraliser le marché de l’apprentissage sans mettre en place les garde-fous suffisants” pour éviter les dérives, selon les termes de Pascal Picault, responsable du plaidoyer à la Fnadir (Fédération Nationale des Associations Régionales).
“Il faut retrouver une forme de régulation dans un milieu devenu trop juteux sur le dos de nos apprentis et de notre économie”, Pascal Picault.
Le reportage a particulièrement mis en lumière le cas du groupe Carrefour. Ce dernier a été critiqué pour avoir créé son propre CFA mais sans locaux dédiés, et pour avoir mis jusqu’à 15% d’élèves en alternance dans certains de ses magasins, sans pour autant leur offrir un encadrement et une formation suffisants. Les apprentis y sont souvent réduits à des tâches similaires à celles des salariés ordinaires.
Cette situation préoccupante incite les acteurs du monde éducatif à militer pour une réforme de la formation en alternance, passant par une surveillance plus stricte des pratiques et par une amélioration substantielle de la qualité des formations proposées.