Microsoft est maintenant membre d’un club exclusif de géants technologiques soumis à un régime spécial de contrôle des abus en Allemagne. L’Office fédéral des cartels du pays (FCO) a confirmé lundi que ce géant de l’informatique pourrait faire face à des restrictions si l’autorité de la concurrence juge une intervention nécessaire. Cette désignation, qui est valable pendant cinq ans, est importante car elle permet à l’autorité allemande de s’intéresser de près à la manière dont Microsoft exerce son influence grâce à ses activités en lien avec l’IA générative. Cependant, le régulateur a affirmé qu’il n’avait pas encore pris de décision sur d’éventuelles procédures.
Ces dernières années, l’influence de Microsoft sur OpenAI a mis ce partenariat dans le collimateur des régulateurs antitrust. Cette relation étroite a même conduit Microsoft à embaucher brièvement le directeur d’OpenAI, Sam Altman, et d’autres membres clés du personnel l’automne dernier lors d’un litige au sein du conseil d’administration. Bien qu’Altman soit finalement resté chez OpenAI, cet épisode a souligné la proximité entre les deux entreprises, et Microsoft a même obtenu un siège d’observateur au conseil d’OpenAI (qu’il a abandonné cet été). Cependant, la structuration soigneuse de leur arrangement semble pour l’instant lui permettre de continuer à exister.
Le FCO a déjà examiné le partenariat entre les deux entreprises, et a conclu en novembre dernier que leur relation n’atteignait pas le seuil requis pour un examen de fusion traditionnel. Mais maintenant que le régulateur est doté de pouvoirs plus proactifs et plus étendus pour réguler les grandes entreprises technologiques, les relations de Microsoft avec OpenAI pourraient faire l’objet d’un examen plus approfondi en Allemagne à l’avenir.
Le communiqué de presse du FCO met en évidence comment l’assistant AI Copilot de Microsoft est utilisé “dans de nombreuses parties” de son écosystème. Il associe également la puissance de l’entreprise en matière de cloud computing à sa capacité à nouer des partenariats avec des fournisseurs “hautement innovants”, car elle peut “proposer leurs modèles d’IA en tant que services sur Azure et les intégrer dans ses propres produits”. Le président du FCO, Andreas Mundt, a également souligné la longue histoire de domination de Microsoft en matière de logiciels, ajoutant : “Aujourd’hui, l’écosystème de Microsoft est plus fort et plus étroitement interconnecté que jamais auparavant, car toutes ses activités sont dominées par l’utilisation croissante du cloud et de l’IA, des technologies clés dans lesquelles Microsoft a consolidé sa position forte en développant ses propres produits et en entrant en coopération”.
La FCO a commencé à enquêter sur la question de savoir si le pouvoir de marché du géant technologique répondait aux critères du régime spécial de contrôle des abus en mars 2023. Cette confirmation que l’entreprise a une “importance primordiale pour la concurrence sur l’ensemble des marchés” ouvre la voie à une série de pouvoirs contenus dans la mise à jour de 2021 du manuel antitrust allemand. Cette réforme vise à contrer les inquiétudes que le pouvoir de marché des grandes entreprises technologiques entrave la capacité de leurs concurrents à innover et à faire concurrence.
Dans une déclaration envoyée par e-mail, la porte-parole de Microsoft, Sophie Thomas, a déclaré : “Nous reconnaissons notre responsabilité de soutenir un environnement concurrentiel sain et nous nous efforcerons d’être proactifs, collaboratifs et responsables dans notre travail avec le Bundeskartellamt [FCO]. Microsoft s’associe avec les entreprises les plus innovantes d’Allemagne, et nous nous engageons à investir dans la croissance de son économie numérique”.