Microsoft ne fera pas face à un examen antitrust au Royaume-Uni suite à son récent investissement dans la start-up française Mistral AI. Vendredi dernier, l’Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) du pays a conclu que ce partenariat “ne rentre pas dans les critères d’investigation dans le cadre des dispositions sur les fusions de la loi sur les entreprises de 2002”. Cette décision intervient trois semaines après que la CMA ait révélé une série d’enquêtes préliminaires sur les divers investissements et partenariats d’Amazon et Microsoft dans l’IA, y compris l’investissement de 16 millions de dollars de la société basée à Redmond dans Mistral AI.
Peu de temps après, Microsoft a embauché l’équipe derrière Inflection AI, un autre rival d’OpenAI, démantelant essentiellement la start-up. Par ailleurs, la CMA a déclaré qu’elle examinait également l’investissement de 4 milliards de dollars d’Amazon dans Anthropic, une entreprise américaine d’IA travaillant sur des modèles de langage de grande envergure. Les grandes technologies et la quasi-fusion ont fait l’objet d’un examen de plus en plus scrutateur, la dernière tactique des grandes technologies pour contourner la surveillance réglementaire étant de poursuivre les “quasi-fusions”.
Grâce à ce type d’accords, elles cherchent à sécuriser le contrôle de nouvelles technologies sans avoir à acheter intégralement des start-ups.
Il s’agit par exemple de faire des investissements, d’obtenir des sièges au conseil d’administration, d’embaucher des équipes fondatrices, etc. Début 2024, la Commission fédérale du commerce (FTC) a lancé des enquêtes sur les investissements d’Alphabet, Amazon et Microsoft dans des entreprises émergentes de l’IA pour déterminer si les “partenariats poursuivis par les entreprises dominantes risquent de fausser l’innovation et de compromettre une concurrence équitable”. Les efforts de la CMA font partie de cette même poussée réglementaire.
Deux de ses “appels à commentaires” récemment annoncés sont encore en cours et pourraient conduire à des enquêtes approfondies formelles. Néanmoins, il est évident que la CMA rejette le dossier Mistral AI au motif qu’il ne “remplit pas les conditions” pour une investigation selon les règles existantes. Alex Haffner, associé en charge de la concurrence au cabinet d’avocats britannique Fladgate, estime que cette constatation suggère que la structure du partenariat de Microsoft avec Mistral AI n’accorde pas à la plus grande entreprise des droits ou une influence suffisants, du moins en ce qui concerne la réglementation M&A.
En fin de compte, il s’agissait d’un investissement minoritaire dans une double licorne qui avait bouclé un tour de table de 415 millions de dollars quelques mois plus tôt. “En agissant ainsi, la décision valide la position affirmée de Microsoft sur le partenariat”, a déclaré Haffner. Cette “position affirmée” était que faire un petit investissement ne suffit pas à acquérir une influence significative sur la future direction d’une start-up en devenir dans le domaine de l’IA.