Alors que la France ambitionne de renforcer sa réindustrialisation, elle doit faire face à un déficit préoccupant en compétences. Lors d’un colloque organisé le mardi 2 décembre par l’Association française pour le développement de l’enseignement technique et professionnel, en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), il a été souligné que l’alignement entre formation initiale et formation continue est essentiel pour répondre aux besoins réels des entreprises. Cette rencontre a permis de mettre en lumière l’urgence de revoir les stratégies éducatives afin de soutenir la croissance industrielle du pays.
Les enjeux sont considérables. Selon David Derré, directeur emploi-formation de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), il faudrait prévoir environ 200 000 recrutements par an dans la branche métallurgie au cours des dix prochaines années. Ce secteur emploie actuellement 1,5 million de salariés, et doit faire face non seulement à la nécessité de compenser les départs à la retraite, estimés à 40 000 par an, soit environ 400 000 au cours de la décennie, mais aussi à des facteurs structurels tels que la mobilité professionnelle. Ces éléments contribuent à creuser le déficit en compétences, rendant la tâche encore plus complexe pour les employeurs.
L’enjeu dépasse la simple gestion des départs à la retraite : il s’agit d’adapter en permanence la formation pour répondre à l’évolution des besoins de l’industrie et garantir la compétitivité du tissu entrepreneurial français.
De plus, la problématique des compétences est accentuée par les défis de mobilité professionnelle, qui ajoutent une couche supplémentaire de complexité. La nécessité de former rapidement et efficacement de nouveaux talents, tout en requalifiant ceux qui sont déjà en poste, impose une réforme en profondeur du système éducatif et de la formation professionnelle. Selon les intervenants du colloque, il est crucial de mieux coordonner l’offre de formation initiale et continue, pour que celle-ci soit réellement alignée avec les compétences requises sur le marché du travail. Le dialogue entre les acteurs de la formation, des entreprises et des pouvoirs publics doit être renforcé pour relever ce défi massif.
En conclusion, la forte exigence de reconversion et la nécessité de maintenir la compétitivité des industries françaises montrent que le défi des compétences va bien au-delà de simples ajustements. Il appelle à une mobilisation collective, à une réforme structurée et à une meilleure anticipation des besoins futurs, afin de bâtir un écosystème de formation plus réactif et adapté aux enjeux économiques du XXIe siècle.
