Les détenus ne gagnent que 45% du SMIC mais veulent presque tous travailler: les prisons manquent de jobs et veulent attirer plus d’entreprises

Illustration générée par intelligence artificielle

En France, le travail en prison apparaît comme un enjeu crucial à la fois pour la réinsertion des détenus et pour la lutte contre la récidive. Pourtant, seulement 30% des personnes incarcérées ont accès à un emploi. Alors que la majorité des détenus exprime le désir de travailler, l’offre d’emplois en milieu carcéral reste drastiquement limitée. Pour pallier ce problème, l’administration pénitentiaire a mis en place diverses initiatives, y compris le recrutement de commerciaux chargés de démarcher des entreprises pour qu’elles viennent s’implanter au sein des établissements pénitentiaires.

Les efforts du ministère de la Justice visent à créer des ateliers qui ressemblent à de véritables chaînes de production où les détenus peuvent acquérir des compétences valorisables à l’extérieur. Actuellement, environ 400 entreprises collaborent avec l’administration pénitentiaire, emplyant près de 20 000 détenus chaque mois. Toutefois, ces collaborations soulèvent des inquiétudes quant aux conditions de travail au sein des prisons, où certains détenus signalent des cadences de travail insoutenables.

Le travail en prison est souvent le seul moyen pour les détenus de subvenir à leurs besoins, mais les conditions restent très éloignées des normes du droit commun.

Les critiques des organisations comme l’Observatoire international des prisons (OIP) soulignent les défis que rencontrent les détenus, notamment la pression pour atteindre des objectifs de production. En effet, bien qu’une amélioration ait été apportée, notamment l’interdiction du paiement à la tâche, des problèmes subsistent. De nombreux détenus, en proie à des troubles psychologiques ou à des problèmes d’addiction, trouvent difficile de suivre le rythme imposé par les entreprises.

Un autre sujet de préoccupation est la rémunération des détenus, qui perçoivent environ 45% du SMIC, ce qui soulève des questions éthiques. Bien que cela puisse apparaître comme une opportunité pour les entreprises de réduire leurs coûts, le manque de reconnaissance comme travailleurs à part entière peut avoir des conséquences préjudiciables sur leur image et leur bien-être. Le ministère de la Justice défend ce système, avançant que l’augmentation des salaires dans d’autres pays, comme l’Italie, aurait entraîné une diminution significative des collaborations avec le secteur privé.

Alors que des avancées récentes ont permis de mieux encadrer le travail en prison, comme l’accès à des couvertures pour accidents du travail et maladies professionnelles, de nombreux angles morts demeurent. Les détenus ne disposent pas de droits fondamentaux tels que les congés payés ou le droit de se syndiquer. De plus, la surpopulation carcérale exacerbe les difficultés, faisant du travail en prison une bouée de sauvetage pour de nombreux détenus, souvent contraints de gérer des conditions de vie précaires au quotidien.

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