Un signal fort a été lancé par le gouvernement à la suite de la défaite sans appel de la majorité au premier tour des législatives. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a annoncé la suspension de la réforme de l’assurance chômage, vivement critiquée par les partis de gauche. Cette décision laisse place à des possibilités de “discussions entre forces républicaines” pour des “futures majorités de projets et d’idées”, selon les propos rapportés par Matignon. Mais pour Cyril Chabanier, président du syndicat CFTC, cette manoeuvre traduit l’espoir vain d’une majorité élargie, en jouant avec le sort des chômeurs.
La réforme, si elle avait été validée, aurait durci les conditions d’accès à l’indemnisation pour les demandeurs d’emplois. Elle prévoyait notamment de réduire la durée maximale d’indemnisation de 18 à 15 mois pour les personnes de moins de 57 ans, de durcir les conditions d’accès en exigeant 8 mois de travail sur les 20 derniers pour être indemnisé, ou encore de repousser à 57 ans l’âge à partir duquel les chômeurs seniors peuvent être indemnisés plus longtemps. En contrepartie, le gouvernement espérait décrocher une économie de 3,6 milliards d’euros et la création de 90 000 emplois.
“Les syndicats et les partis de gauche rejettent unanimement la réforme de l’assurance chômage et exigent l’ouverture de nouvelles négociations.”
Le projet gouvernemental a suscité une vive opposition à gauche. Le Nouveau Front populaire (NFP) a vigoureusement rejeté la réforme, n’y voyant aucune mesure salvatrice, et promis son abrogation en cas de victoire. Les syndicats de salariés ont quant à eux pointés une réforme qui aggrave la précarité des chômeurs, notamment des jeunes et des seniors. Dans une déclaration commune, les huit confédérations syndicales ont appelé à l’abandon de cette réforme, la qualifiant d’inutile, d’injuste et de violente.
Face à cette situation, plusieurs forces politiques et syndicales proposent des alternatives. Le NFP, par exemple, entend consulter sur une réduction du temps de travail et une revalorisation des salaires. Du côté des syndicats, la CFDT appelle à faire jouer la carte du bonus-malus pour inciter les entreprises à limiter l’usage de contrats courts. De son côté, la CGT prône une lutte plus ferme contre l’abus de contrats précaires et une ouverture plus large des droits d’indemnisation pour les primo-entrants.
À l’heure actuelle, l’avenir de la réforme est donc incertain. Si les confédérations syndicales appellent à un retour à la table des négociations, l’échéance politique des élections législatives pourrait toutefois retarder cette perspective. Les prochaines semaines seront donc décisives pour les chômeurs, le gouvernement et l’ensemble du monde du travail.