Cloudflare, un fournisseur d’infrastructure web, a récemment intensifié ses efforts pour une régulation accrue du secteur de l’intelligence artificielle (IA). Après avoir lancé un marché permettant aux sites web de facturer des bots d’IA pour l’extraction de leur contenu, le CEO de Cloudflare, Matthew Prince, s’est rendu à Londres pour s’adresser à l’Autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA). Lors de cette rencontre, il a proposé des règles plus strictes concernant la manière dont Google devrait pouvoir participer à la course à l’IA, vu sa position dominante dans le domaine des recherches en ligne.
Il convient de noter que la CMA a récemment attribué à Google un statut spécial sur les marchés des recherches et de la publicité, en raison de sa position “substantielle et ancrée”. Ce statut permettra à l’organisme de réglementation d’imposer des règles plus strictes, allant au-delà des simples recherches et annonces, pour inclure des secteurs comme les Aperçus IA de Google, le fil d’actualité Discover, et bien plus encore. Selon Prince, Cloudflare est bien placé pour faire des recommandations étant donné qu’il ne fait pas partie du secteur de l’IA, mais entretient de nombreuses relations avec les entreprises d’IA.
“Pour protéger l’écosystème d’IA, il faut favoriser la concurrence sur le marché”, a déclaré Matthew Prince.
Prince soutient que Google devrait être contraint de concourir à égalité avec d’autres entreprises d’IA, une situation qui n’est pas la norme actuellement. En effet, Google utilise son crawler web pour explorer le contenu destiné à ses produits et services d’IA, ce qui lui confère un avantage injuste. “Google dit qu’il a le droit divin à tout le contenu du monde, même sans payer”, a-t-il expliqué. Cette utilisation de Googlebot, qui sert à la fois pour les recherches et les fonctionnalités d’IA, pose problème aux entreprises de médias qui dépendent des revenus générés par leur visibilité en ligne.
Les implications pour les entreprises de médias sont inquiétantes. Si ces dernières bloquent le crawler de Google pour protéger leur contenu, elles risquent de perdre également leur visibilité dans les résultats de recherche. “Pour beaucoup dans le secteur des médias, perdre l’accès à Google Search signifie perdre environ 20 % de leurs revenus”, a-t-il ajouté. De plus, bloquer le crawler de Google impacte également les équipes de sécurité publicitaire de la société, rendant cette option impraticable pour la plupart des éditeurs.
Prince conclut en affirmant qu’il est essentiel de favoriser une véritable compétition dans le marché de l’IA. Cela impliquerait un environnement où des milliers d’entreprises d’IA pourraient rivaliser pour acheter du contenu auprès de milliers de médias et de millions de petites entreprises. La démarche de la CMA, en désignant Google comme une cible potentielle pour la régulation, est une étape réfléchie qui montre une prise de conscience des avantages uniques dont dispose Google.