Les derniers chiffres publiés par la Dares révèlent une complexité inattendue derrière les statistiques du marché de l’emploi en France. Entre avril et juin 2023, le nombre de personnes inscrites en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité, a affiché une baisse de 5,7% pour atteindre 3,2 millions. Toutefois, cette apparente tendance à la baisse cache des effets conjugués des réformes récentes, notamment la loi sur le plein emploi et de nouveaux règlements d’actualisation, qui, une fois neutralisés, montrent en réalité une augmentation de 0,2% des demandeurs d’emploi.
Cette hausse bien que faible pourrait refléter une sorte de stagnation dans la conjoncture du marché du travail, puisque les statistiques de France Travail ont déjà été influencées par des réformes antérieures, notamment celles liées au RSA. Les changements en cours depuis le début de l’année, y compris l’inscription automatique des bénéficiaires du RSA et l’instauration d’un nouveau régime de sanctions, ont profondément modifié le paysage des demandeurs d’emploi.
La situation autour de l’assurance chômage évoque des tensions croissantes entre le gouvernement et les partenaires sociaux, alors que de nouvelles réformes devraient voir le jour.
Alors même que ces chiffres sont annoncés, le gouvernement envisage une nouvelle réforme de l’assurance chômage avec des objectifs ambivalents, notamment celui de favoriser un “retour rapide” à l’emploi. D’ici peu, une “lettre de cadrage” devrait être communiquée aux partenaires sociaux pour entamer des négociations sur ce sujet délicat. Le Premier ministre a exprimé le souhait de discuter des conditions d’éligibilité, de la durée d’indemnisation et des ruptures conventionnelles, afin de corriger ce qu’il considère comme des abus de la part de certains demandeurs d’emploi.
Cette annonce, toutefois, n’est pas sans susciter une vive colère au sein des syndicats. La numéro un de la CFDT a qualifié ces mesures de “carnage total pour les demandeurs d’emploi”, dénonçant des économies d’une ampleur inédite, entre 3 et 4 milliards d’euros par an. En réponse à cette réforme, une pétition a été lancée, signée par près de 275.000 personnes, et une plateforme a été mise en place pour dénoncer la baisse des droits des demandeurs d’emploi comme motivée par une vision biaisée des chômeurs.
Alors que les négociations se profilent, l’incertitude demeure quant à leur issue. Si elles échouent, le gouvernement pourrait reprendre la main et implanter ses règles, créant ainsi un climat de tension et d’appréhension dans le secteur. L’avenir des demandeurs d’emploi apparaît donc aussi mouvementé que jamais, alors que le débat sur l’emploi et les droits des travailleurs se poursuit en France.