Le départ d’Eugen Rochko, le fondateur de Mastodon, soulève de nombreuses questions sur la viabilité des réseaux sociaux décentralisés face à la toxicité humaine. Après avoir encaissé un million d’euros pour quitter ses fonctions de CEO, Rochko a expliqué que les deux dernières années lui avaient profondément impacté sa santé mentale et physique. La décision de se retirer intervient notamment après une interaction particulièrement difficile avec un utilisateur, illustrant l’impact délétère de la toxicité sur les créateurs de ces plateformes. Ce geste symbolise aussi une désillusion majeure face à la promesse de la décentralisation qui, selon lui, ne protège pas contre les comportements toxiques des utilisateurs.
À son apogée, Mastodon avait connu un certain succès, atteignant jusqu’à 2,5 millions d’utilisateurs mensuels actifs suite à la prise de contrôle de Twitter par Elon Musk. Cependant, aujourd’hui, ce chiffre s’est effondré à environ 750 000, soit une chute de 70 % en seulement deux ans. Une the decline qui reflète une désaffection massive, probablement due à la fatigue face à l’insulte publique, la polarisation, et la montée d’une toxicité généralisée. Il semble que la promesse d’un « Fédération » plus sain, un espace où les humains peuvent dialoguer sans se lancer des excréments verbaux, ait été trahie par la réalité des comportements humains en ligne.
La toxicité humaine n’a pas disparu avec la décentralisation ; elle est partout, et même Mastodon ne fait pas exception.
Matthew Hodgson, fondateur du projet Matrix/Element, souligne que ces plateformes décentralisées attiraient encore de l’espoir, en promettant de sauver les utilisateurs du paysage insupportable des réseaux sociaux centralisés. Or, la réalité est que le problème ne réside pas uniquement dans l’outil, mais surtout dans la nature humaine. Aussi sophistiquée soit la plateforme, si elle est peuplée d’individus toxiques ou enfermés dans le syndrome de Stockholm du drama, il est impossible d’échapper à cette atmosphère délétère. La décentralisation ne constitue donc pas une solution miracle face à la toxicité omniprésente sur le web social.
Après son départ, Rochko assurera une transition de deux à trois mois en rôle consultatif. La gestion de Mastodon sera confiée au conseil d’administration, qui inclut notamment Biz Stone, co-fondateur de Twitter. Ce comité devra désormais chercher un successeur prêt à reprendre un projet en difficulté, à un moment où le réseau s’affaiblit et où la défiance des utilisateurs devient de plus en plus grande. La réalité est que le web social a été plus que jamais mis à rude épreuve, non seulement par ses algorithmes, mais surtout par ses propres utilisateurs, devenus, pour beaucoup, la principale cause de sa décadence.
En conclusion, ce départ symbolise le paradoxe ultime du web social : un espace conçu pour relier les gens, mais souvent devenu un zoo où la toxicité règne en maître. Comme le souligne l’auteur, la plateforme a été victime de ses propres utilisateurs, qui ont vrillé et transformé l’espace de conversation en un lieu de conflit constant. À la fin, Rochko n’a d’autre choix que de se retirer, espérant peut-être retrouver un peu de sérénité dans sa vie. La fin de Mastodon en tant que refuge utopique pourrait bien signer la fin d’un rêve de décentralisation efficace, où la meilleure plateforme ne suffit pas si ses habitants jouent les mascottes de la discorde.
