En général, quand on parle de fin du monde, c’est soit du blabla philosophique autour d’une bière, soit c’est Bruce Willis qui sauve l’humanité avec une perceuse. Mais cette fois, on va aller un peu plus loin que ça… Car une équipe de chercheurs a trouvé le moyen d’observer pour de vrai comment les gens se comportent quand ils savent que tout va disparaître. Pour cela, ils ont utilisé le MMORPG ArcheAge. C’est moins spectaculaire qu’un astéroïde géant ou qu’une guerre thermonucléaire, mais les données sont meilleures !
Ah Reum Kang de l’Université de Buffalo et ses collègues ont pour cela analysé 270 millions d’enregistrements de comportements durant la 4ème bêta fermée du jeu ArcheAge en 2011 et 2012. Le principe c’est qu’à la fin de la bêta fermée, tous les personnages sont supprimés, toute progression est perdue, tous les objets virtuels disparaissent… Vous avez passé 11 semaines à construire votre empire virtuel, à farmer vos légendaires, à monter votre guilde au top… Et pouf, tout disparait !
Face à la fin du monde, la plupart des gens ne deviennent pas des monstres, mais se rapprochent des autres.
Pour les 81 000 joueurs testeurs, c’était comme vivre dans un monde avec une date d’expiration connue à l’avance. Contrairement aux études philosophiques classiques basées sur des sondages et des suppositions, les chercheurs ont eu accès à des données brutes, précises, et massives sur le comportement humain. Les résultats sont plutôt encourageants, car il n’y a pas eu de chaos généralisé. Même en sachant que demain tout disparaissait, la plupart des joueurs ont continué à jouer normalement. C’est presque décevant pour ceux qui s’attendaient à voir un déferlement de violence.
Cependant, les résultats révèlent des comportements intéressant. Bien que quelques marginaux aient effectivement pété les plombs, les chercheurs ont constaté que la majorité des joueurs ont gardé leur loyauté à la communauté. Même à l’approche de la fin, les échanges dans les canaux sociaux sont devenus plus joyeux, et les joueurs ont multiplié leurs interactions. Au lieu de sombrer dans le désespoir, ils semblent avoir cherché à renforcer leurs liens sociaux.
Cette recherche, bien que basée sur un jeu vidéo, apporte des éclairages précieux sur le comportement humain face à une fin inévitable. Les développeurs de jeux peuvent ainsi mieux identifier les signaux d’avertissement des joueurs sur le départ. Pour les chercheurs en sciences sociales, cette étude fournit un ensemble de données inestimables, difficile à obtenir dans le monde réel. Finalement, cette expérience nous montre que face à l’apocalypse, nous pourrions bien choisir de célébrer nos amitiés plutôt que de céder à la destruction.
