À Villeneuve-sur-Lot, une ville en proie au déclin économique, l’annonce d’un plan social par Gifi suscite de vives inquiétudes parmi les salariés et les habitants. Philippe Ginestet, le fondateur de l’enseigne, y a ouvert son premier magasin en 1981, et pour beaucoup de ces employés, Gifi représente bien plus qu’un simple lieu de travail. Avec la fin imminente des négociations sur les modalités du plan social, l’angoisse grandit chez ceux qui ont construit leur vie autour de cette enseigne.
Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) prévoit la suppression de 186 postes au siège social de l’enseigne et de 116 dans 11 magasins qui fermeront leurs portes. Cela représente plus de la moitié des suppressions de postes annoncées dans un groupe qui emploie au total 6.000 personnes en France. Gifi est le premier employeur privé dans cette sous-préfecture de 22.000 habitants, et ses difficultés ont un impact direct sur l’ensemble de la communauté locale.
La fermeture de Gifi menacerait non seulement des emplois, mais aussi la stabilité économique de Villeneuve-sur-Lot.
Alors que la date limite pour conclure un accord sur le PSE approche, un silence pesant s’est installé. Les employés ont reçu des directives pour ne pas s’exprimer auprès des médias. Cette situation alimente la peur de perdre non seulement leur emploi, mais aussi tout ce qu’ils ont construit autour de Gifi. Une employée, qui a dédié plus de dix ans de sa carrière à l’enseigne, avoue se sentir “écoeurée” par la désorganisation croissante au sein de l’entreprise, précisant qu’elle aurait aimé y terminer sa carrière.
Les troubles qui frappent Gifi ne sont pas nouveaux. Selon Laurent Mardaga, élu CFDT et syndicaliste, la situation a commencé à se détériorer à cause d’une bascule informatique ratée, conjuguée à la concurrence accrue d’autres enseignes comme Action et des plateformes de vente en ligne. Les pertes financières des deux dernières années ont plongé le groupe dans une situation précaire, d’autant plus qu’il a dû renégocier sa dette et trouver un soutien financier en janvier dernier.
Pour Villeneuve-sur-Lot, déjà touchée par des vagues de chômage et une désertion de ses commerces, la perspective d’une ville dépeuplée se profile à l’horizon. Frédéric Mallet, pharmacien local, témoigne de l’inquiétude ambiante et de la menace que représente la fermeture de Gifi pour l’économie locale. D’autres acteurs économiques comme Alex Jounel, restaurateur, constatent eux aussi une baisse de leur activité depuis le départ de certains cadres de l’enseigne.
