Josef Fuchs – L’ingénieur philanthrope qui a bâti l’empire de la surveillance First Wap | Le site de Korben

Illustration générée par intelligence artificielle

Ce 14 octobre 2025, Lighthouse Reports a publié une enquête mondiale qui fait trembler l’industrie de la surveillance. Pour cette enquête titanesque, 70 journalistes provenant de 14 médias différents, dont Le Monde, Der Spiegel et Mother Jones, ont travaillé pendant des mois sur le même sujet explosif. Leur enquête révèle les agissements de First Wap, une entreprise indonésienne qui a discrètement espionné au fil des années plus de 14 000 numéros de téléphone répartis dans 168 pays, à l’aide d’un logiciel nommé Altamides. Des cibles de choix ont été identifiées, allant de journalistes d’investigation à des PDG en passant par des célébrités, telles que la fondatrice de 23andMe. Cette entreprise a exploité une faille bien connue dans les réseaux télécoms, rendant possible un tel espionnage de masse.

Pour comprendre les origines de First Wap et de son cofondateur, Josef Fuchs, un retour en arrière s’impose. En 1984, Fuchs, jeune ingénieur autrichien de Siemens, arrive à Jakarta pour un contrat de courte durée. Toutefois, cet amour pour l’Indonésie et ses perspectives le pousse à revenir en 1995 pour travailler chez Telkomsel, l’un des plus grands opérateurs de télécommunications indonésien, naissant dans cette ère de libéralisation. C’est au sein de Telkomsel qu’il découvre le système SS7, une faille obsolète qui ne protège pas correctement les communications et qu’il exploite par la suite pour créer l’entreprise First Wap en 1999, en partenariat avec le Français Pascal Lalanne.

“Le vrai scandale, c’est que l’industrie de la surveillance s’est développée dans l’ombre pendant deux décennies, armant des dictateurs et facilitant des assassinats.”

Avec Altamides, Fuchs a mis sur pied un outil capable de localiser n’importe quel téléphone en temps réel et d’intercepter toutes les communications sans que la victime ne s’aperçoive de quoi que ce soit. Ce ne sont pas seulement des gouvernements qui ont été clients de First Wap, mais également des entreprises privées et des individus aux intentions douteuses. Lors d’une enquête sous couverture, des journalistes ont réussi à faire enregistrer des représentants de First Wap admettant qu’ils fourniraient leurs services, même dans des cas où des sanctions étaient en place.

Les révélations concernant Altamides ont mis à jour des affaires tragiques, comme l’assassinat de Patrick Karegeya, un ancien haut responsable rwandais, dont les derniers déplacements avaient été suivis par le système de surveillance. D’autres cibles, tels que des journalistes et des figures publiques, ont également fait l’objet de surveillances intrusives, illustrant les implications d’un système qui a permis à des dictateurs et des entreprises privées d’accéder à des informations sensibles.

Malgré l’engagement philanthropique de Fuchs à travers l’Indonesian Street Children Organization (ISCO), qui soutient des milliers d’enfants en Indonésie, son héritage est désormais terni par son rôle dans le développement d’un empire de surveillance. Alors que les révélations de Lighthouse Reports continuent d’ébranler le monde de la télécommunication, la question demeure : combien d’autres entreprises opèrent dans l’ombre, exploitées par des protocoles aussi obsolètes que dangereux ? Ce qui semble certain, c’est que First Wap a ouvert la voie à une surveillance de masse qui soulève d’importantes questions éthiques et légales.

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