“J’ai dû envoyer plus de 600 mails”: depuis la baisse des aides de l’État, trouver un apprentissage est devenu un parcours du combat”

La diminution récente des aides publiques dédiées à l’apprentissage a profondément bouleversé le marché de la formation en alternance en France. Les places en apprentissage, autrefois relativement accessibles grâce à des subventions conséquentes, se font désormais rares et coûteuses pour les jeunes qui cherchent à acquérir une expérience professionnelle. Cette situation risque de compromettre l’avenir de nombreux étudiants, dont le financement de leur formation dépend souvent de leur capacité à décrocher une place en entreprise.

Les étudiants et jeunes apprentis rencontrent de nombreuses difficultés pour intégrer une entreprise. Mohamed, étudiant en informatique à Montpellier, témoigne de ses deux années de galère : « J’ai dû payer mes frais de scolarité en plus, en contractant un prêt bancaire. Je viens enfin de trouver une alternance après avoir envoyé 600 candidatures. » Son parcours illustre la difficulté croissante à trouver une entreprise, d’autant plus que le financement par l’employeur ou les Opco, modalités souvent avantageuses, se raréfie. En parallèle, la réduction des aides, notamment la baisse de l’aide à l’embauche d’un apprenti, fragilise le dispositif.

Plus de deux tiers des pertes d’emplois en France au troisième trimestre seraient liés à la baisse du soutien public à l’alternance, selon l’Insee.

En 2025, l’aide à l’embauche, qui passait de 6 000 à 5 000 euros pour les PME et à 2 000 euros pour les plus grandes entreprises, témoigne de cette réduction des subventions publiques. Conséquence directe : l’Insee prévoit la disparition d’environ 65 000 postes d’apprentis en seulement six mois d’ici la fin de l’année. Cette situation inquiète également Charlotte Angevin, étudiante en master à Paris, qui a mis plus de six mois à décrocher une place en alternance après avoir envoyé plus de 600 mails et postulé sur LinkedIn dans des secteurs très concurrentiels.

Cette difficulté à intégrer le monde professionnel perturbe fortement le parcours des jeunes. Sur sa promotion, la moitié des étudiants en recherche d’alternance sont encore sans solution à la mi-novembre. Ethan, en CAP cuisine à Nantes, raconte avoir été sélectionné dans un restaurant grâce à un stage effectué précédemment, mais il constate un climat de tension grandissant pour les jeunes en recherche d’apprentissage. La baisse des aides publiques et la diminution de la rémunération des apprentis, qui doivent désormais parfois payer des cotisations sociales, accentuent la difficile transition vers l’emploi.

Selon Baptiste Martin, président de l’Association nationale des apprentis de France (Anaf), la situation est alarmante : « On a reçu beaucoup plus de sollicitations de jeunes cette année, mais le nombre d’emplois diminue drastiquement. » La suppression Progressive de l’exonération de cotisations sociales pour les apprentis, initialement prévue par le gouvernement, aurait également contribué à cette baisse de motivation chez les employeurs. La crise de l’apprentissage met en péril l’avenir professionnel de nombreux jeunes, qui peinent à financer leur formation et à trouver une place en entreprise, faisant de cette étape un véritable parcours du combattant.

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