Tigran Sloyan, cofondateur et PDG de CodeSignal – une plateforme d’évaluation et de mesure de l’aptitude technique durant le processus de recrutement d’ingénieurs – est bien conscient que nombreux éducateurs sont mal à l’aise avec l’IA générative. Ils craignent l’impact du plagiat, des dissertations générées par machine, ainsi que les “hallucinations” – lorsque le système affirme avec assurance qu’une chose est vraie alors qu’elle ne l’est pas simplement parce qu’il n’a pas la connaissance requise – d’outils tels que ChatGPT et Bard. Ils redoutent que l’IA générative devienne un substitut à l’apprentissage authentique, un outil permettant de réussir un examen sans avoir besoin d’absorber et d’intérioriser le contenu.
Cependant, il ne fait aucun doute que l’IA a été utilisée pour contourner le processus d’apprentissage, mais il convient de noter que ChatGPT est déjà devenu un tuteur personnel ad hoc pour des millions de personnes, changeant les modes de consommation de l’apprentissage et améliorant notre relation avec l’éducation. La possibilité d’un assistant d’enseignement alimenté par l’IA – qui guide, encourage et accompagne les apprenants à travers le matériel dans une relation individuelle – est à portée de main. Et la possibilité de mise à l’échelle de l’IA signifie que tout le monde peut en bénéficier.
“L’IA peut rendre — et a déjà rendu — l’apprentissage addictif pour de nombreuses personnes”.
Ce phénomène a peu à voir avec les avancées de pointe en IA et en informatique, mais bien plus avec les fondamentaux de ce qui rend un apprenant engagé, motivé et excité. Sloyan, ayant grandi en Arménie, a toujours été séduit par les Olympiades de mathématiques hyper compétitives. Son désir de gagner l’a conduit à passer des heures à étudier et à s’entraîner. Cependant, adulte, il n’a pas retrouvé cette motivation en étudiant les mathématiques au MIT. C’est en cherchant à comprendre les motivations derrière l’apprentissage qu’il a fini par fonder CodeSignal.
Quand on parle de rendre l’apprentissage addictif grâce à l’IA, on parle d’excitation et d’enthousiasme – d’instiller un appétit vorace pour l’amélioration de soi et la croissance personnelle chez l’apprenant. Mais surtout, cette motivation perdure bien après qu’ils aient accompli ce qui a déclenché leur parcours. En fin de compte, il s’agit de maintenir la motivation à long terme. Créer des apprenants auto-motivés est un défi que la plupart des éducateurs rencontrent, et une montagne de recherches en éducation aborde ce sujet.
Il est difficile de surestimer l’importance de la motivation. Que vous soyez en train d’apprendre à parler une nouvelle langue ou que vous fassiez vos premiers pas dans une carrière en programmation, l’apprentissage est par essence itératif, le joueur gagnant en assurance et en aisance au fil du temps. Zed Shaw, éducateur en programmation de renom, a décrit cela comme “escalader une montagne d’ignorance”. Les premiers mois – lorsque vous manquez de confiance et ne comprenez pas le sujet – sont les plus difficiles, et il est trop facile d’abandonner. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir une force extérieure pour encourager l’apprenant à continuer. La confiance, la capacité, et peut-être même la grandeur, sont juste au coin de la rue.
