Longtemps ignorée, l’hypersensibilité émotionnelle devient un sujet de plus en plus pertinent dans les discussions sur la qualité de vie au travail. Toutefois, ses manifestations, parfois perturbantes pour les individus concernés comme pour leur entourage, restent souvent mal comprises. Qu’en est-il réellement de l’expérience des collaborateurs hypersensibles ? Et surtout, comment les entreprises peuvent-elles adapter leur environnement de travail pour mieux leur convenir, sans bouleverser leur organisation ? ACMS – Pour la santé au travail, propose des pistes de réflexion à travers une infographie informative.
Loin d’être une passade ou une simple tendance, l’hypersensibilité émotionnelle est une caractéristique biologique et psychologique concernant jusqu’à 20% de la population. En milieu professionnel, cela nécessite une attention particulière. Être hypersensible, ce n’est pas seulement être extrêmement réactif : c’est ressentir toutes les émotions, plus rapidement, plus intensément. L’hypersensibilité se manifeste par une réactivité accrue à divers stimuli externes, qu’ils soient émotionnels, sensoriels ou environnementaux. Elle induit des réactions émotionnelles intenses et changeantes, une sensibilité accrue à la lumière, au bruit ou aux odeurs, ainsi qu’une fatigue cognitive due à la difficulté de se concentrer dans des environnements trop stimulants. Ces fluctuations émotionnelles, souvent imprévisibles, peuvent être un réel défi dans le cadre professionnel. Non pas parce qu’elles sont problématiques en elles-mêmes, mais parce que l’environnement de travail n’est pas toujours conçu pour les accommoder.
“Reconnaître l’hypersensibilité émotionnelle au travail, ce n’est pas faire une exception, c’est faire évoluer les normes.”
Toutefois, derrière cette sensibilité intense se cachent aussi des talents précieux. Les personnes hypersensibles sont souvent très perfectionnistes, motivées par l’attention au détail et la recherche du travail bien fait. Leur émotivité, parfois déstabilisante pour elles-mêmes, est aussi ce qui rend ces individus profondément humains, créatifs et, par conséquent, d’une écoute rare.
Afin d’améliorer le quotidien des collaborateurs hypersensibles, des ajustements simples et ciblés dans l’organisation du travail peuvent avoir un effet très positif. Une gestion plus efficace du stress omniprésent dans les environnements de travail, par exemple, pourrait passer par l’intégration de pratiques simples telles que la méditation, la respiration, le yoga, etc. L’aménagement de l’environnement physique pour répondre à ces sensibilités diverses serait également bénéfique : réduction du bruit, éclairage réglable, mise à disposition de casques anti-bruit… Autant de détails qui, ensemble, contribuent à réduire la fatigue cognitive et à faciliter la concentration.
Cependant, pour aller plus loin, il est impératif d’encourager le dialogue. Une communication transparente permet de mieux comprendre les besoins spécifiques des personnes hypersensibles, souvent silencieuses, faute d’un cadre approprié pour s’exprimer. Instaurer un management participatif renforcerait l’estime de soi de ces collaborateurs hypersensibles en leur donnant les moyens de s’exprimer et de mettre en avant leurs qualités : originalité, subtilité, perfectionnisme, esprit d’équipe, etc. En outre, en laissant plus d’autonomie à ces individus, les entreprises leur permettent d’ajuster leur rythme, de choisir leurs méthodes et, ainsi, de préserver leur bien-être sans renoncer à la performance. Accepter et agir face à l’hypersensibilité émotionnelle au travail, ce n’est pas faire exception, c’est faire évoluer les normes du travail. En adaptant l’environnement, la posture managériale et les modes de collaboration, les entreprises peuvent atteindre une meilleure inclusion et, en conséquence, un meilleur rendement de l’ensemble de leur équipe.