Utkarsh Gupta, chercheur à l’Anglia Ruskin University de Cambridge, vient de publier une étude fascinante dans le journal Scientific Reports de Nature, qui explore la manière dont nous pouvons débloquer nos souvenirs d’enfance en « hackant » notre propre visage. La méthode repose sur l’utilisation de filtres photo, similaires à ceux que l’on trouve sur des applications comme Snapchat ou Instagram, qui modifient notre visage pour le faire ressembler à celui que nous avions étant enfants. Ce processus, dénommé « enfacement illusion », offre des résultats surprenants en termes de remémoration.
Dans le cadre de cette étude, 50 adultes ont été soumis à des images de leur visage adulté modifiées pour évoquer leur apparence d’enfant. Les résultats montrent que ceux qui ont vu leur visage modifié se sont rappelés de détails de leur passé avec une clarté bien supérieure à ceux qui se sont simplement regardés tels qu’ils sont aujourd’hui. Cette technique, qui détourne une illusion cognitive généralement utilisée dans les neurosciences, fournit ainsi une véritable « machine à remonter le temps » low-tech.
Manipuler la perception corporelle pour accéder aux souvenirs peut être puissant, mais nécessite prudence et précautions.
Le mécanisme derrière l’enfacement illusion s’appuie sur une stimulation multisensorielle synchrone. En effet, les participants perçoivent des sensations sur leur visage en même temps que le visuel modifié apparaît à l’écran. Cela crée une connexion cognitive où le cerveau reconnaît ce visage comme étant le sien. Ce phénomène rappelle l’illusion de la main en caoutchouc, où une fausse main est perçue comme étant la vraie par le cerveau.
Mais alors, qui sommes-nous vraiment ? Sommes-nous uniquement notre visage actuel ou la somme des nombreuses versions que nous avons été au fil du temps ? Cette question reste en suspens et ouvre un débat fascinant sur notre identité personnelle. De plus, cette méthode pourrait avoir des applications thérapeutiques importantes, notamment pour aider les victimes de traumatismes à accéder à des souvenirs enfouis. Les chercheurs envisagent donc des approches novatrices dans le cadre du travail thérapeutique.
Cependant, il convient de rappeler que la manipulation de la perception corporelle et des souvenirs soulève des questions éthiques. Des études antérieures ont montré que l’exposition à des environnements de réalité virtuelle peut induire des faux souvenirs. Ainsi, bien que ces techniques puissent être prometteuses, elles doivent être utilisées avec précaution et discernement, afin d’éviter des dérives potentielles. D’ici là, si vous souhaitez tester cette méthode par vous-même, n’hésitez pas à rejoindre cette aventure fascinante !
