Elon Musk a trouvé comment sauver la planète avec des satellites IA – Et c’est complètement con | Le site de Korben

Illustration générée par intelligence artificielle

Vous avez déjà vu quelqu’un polluer le ciel avec plus de 10 000 satellites pour ensuite proposer d’en lancer des millions de plus afin de sauver la planète ? Bienvenue dans l’univers mental dérangé d’Elon Musk, où la solution à la pollution, c’est toujours plus de pollution… mais en mieux, évidemment ! Le 3 novembre dernier, Musk a balancé sur son réseau social de fachos une idée qui ressemble fortement aux délires de Rick et Morty : “Une large constellation de satellites alimentés à l’énergie solaire et dotés d’une IA serait capable d’endiguer le réchauffement climatique en ajustant légèrement la quantité d’énergie solaire atteignant la Terre.”

Hein ? Cette proposition coûterait des trillions de dollars, soit environ 200 ans de budget de la NASA. Il est intéressant de rappeler que ce même Elon Musk a dirigé le “Department of Government Efficiency” (DOGE), dont la mission était de traquer le moindre dollar de dépense publique inutile. En plus, les satellites Starlink actuels posent déjà d’importants problèmes, en perturbant notamment les observations astronomiques. La V2 de ses satellites émet 32 fois plus de radiations électromagnétiques que la V1, ce qui nuit gravement à plusieurs radio-téléscopes.

Une idée techniquement délirante, économiquement absurde, écologiquement risquée et politiquement ingérable.

Et maintenant, son plan serait d’en ajouter des millions de plus ? Cela donnerait plutôt l’impression d’éteindre un incendie avec de l’essence. Techniquement parlant, pour réduire le réchauffement climatique de manière significative, il serait nécessaire de bloquer environ 1 à 2 % du rayonnement solaire qui atteint la Terre. Cela représenterait une surface de plusieurs millions de km² en orbite, positionnée au point de Lagrange L1, à environ 2,36 millions de km de la Terre. Pour vous donner une idée, l’ensemble des satellites Starlink actuels a une surface totale ridicule par rapport à ce qui serait nécessaire pour un tel projet. Et le temps de développement estimé pour cela serait d’environ 25 ans, période durant laquelle nous pourrions continuer à brûler charbon et pétrole en nous disant que tout va bien, le bouclier spatial arrive.

En outre, un problème important à considérer est le “termination shock”. Si le système venait à tomber en panne, être saboté en période de guerre, ou simplement arrêté pour maintenance, cela engendrerait une augmentation brutale et catastrophique des températures. Nous nous retrouverions alors avec une dépendance à un système dont la défaillance pourrait entraîner une catastrophe majeure, de la même manière qu’un thermostat n’est pas une solution adéquate aux problèmes climatiques. Par ailleurs, qui contrôlerait ce thermostat planétaire ? Musk ? SpaceX ? Le gouvernement américain ? L’ONU ?

Actuellement, il n’existe aucun cadre légal international pour gérer une telle initiative. L’Union of Concerned Scientists oppose officiellement le déploiement de la géo-ingénierie solaire en raison des risques environnementaux, sociaux et géopolitiques inacceptables qu’elle engendre. Plusieurs agences, notamment l’agence environnementale allemande, estiment qu’une telle approche est “hautement risquée” et ne représente pas une solution viable face à la crise climatique. Au final, cette idée ne résout rien concernant la problématique de fond. Le dioxyde de carbone continuera de s’accumuler dans l’atmosphère et l’acidification des océans ne s’arrêtera pas. Ce ne serait qu’un pansement spatial sur un cancer planétaire.

À titre de comparaison, pour une fraction du coût de cette constellation de satellites, nous pourrions véritablement décarboner l’économie mondiale grâce aux énergies renouvelables, au nucléaire, ou en améliorant l’isolation des bâtiments, par exemple. De nombreuses solutions efficaces existent déjà et sont moins coûteuses. Pourtant, il semble que la tendance soit de croire aux promesses de milliardaires qui se prennent pour des demi-dieux. Encore une fois, une belle idée de Musk qui fait beaucoup parler. Mais faisons attention : derrière le buzz, il s’agit d’une proposition techniquement délirante, économiquement absurde, écologiquement risquée et politiquement ingérable !

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