Deux ans de récession, chômage à plus 10%, déficit public record et pourtant les Finlandais sont le peuple le plus heureux du monde: comme l’UE, le pays peut-il n’être qu’une “superpuissance du mode de vie”?

La Finlande fait face à une crise économique sans précédent qui contraste fortement avec ses classements en matière de bien-être et de qualité de vie. Avec un taux de chômage atteignant 10,3 % en octobre, le pays détient l’un des taux les plus élevés de l’Union européenne, seulement surpassé par l’Espagne. Les deux dernières années ont été marquées par une contraction économique, avec un recul de -0,9 % en 2023 et -0,1 % prévu en 2024, s’inscrivant dans une tendance de stagnation voire de déclin.

Ce contexte dégradé résulte notamment de la rupture des échanges commerciaux avec la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine par Moscou, cause directe d’un effondrement brutal de certains secteurs comme la construction. Par ailleurs, la demande intérieure reste faible, aggravant la fragilité de l’économie finlandaise qui peinait déjà à se redresser depuis la crise financière de 2008. Selon Henna Busk, économiste à l’Institut de recherche économique Pellervo, la croissance est entravée par plusieurs facteurs, parmi lesquels le vieillissement de la population et l’incertitude géopolitique.

“Malgré ses indicateurs sociaux exceptionnels, la Finlande doit faire face à une économie fragile qui remet en question son modèle social.”

Le paradoxe finlandais réside dans ce contraste saisissant entre le haut indice du bonheur et la vulnérabilité économique. La Finlande, souvent en tête des classements mondiaux du bien-être et de la mobilité sociale, voit pourtant ses indicateurs financiers se dégrader, en particulier sous l’effet d’une politique d’austérité menée par un gouvernement de droite. La réduction des dépenses publiques, visant à maîtriser une dette avoisinant 90 % du PIB, a entraîné des suppressions d’emplois dans le secteur public et un ressentiment chez les populations vulnérables, notamment les chômeurs de longue durée, les jeunes et les migrants.

Le gouverneur de la Banque de Finlande a appelé l’Europe à soutenir le dynamisme économique national en misant davantage sur les investissements, l’attraction des talents et la compétitivité. En dépit d’une promesse présidentielle de créer 100 000 emplois depuis l’élection du gouvernement Orpo en 2023, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. Le pays doit impérativement stimuler ses exportations et soutenir la consommation intérieure pour inverser la tendance, une démarche complexe dans un contexte international marqué par la concurrence chinoise, les droits de douane américains et l’incertitude géopolitique.

Les autorités soulignent que la question primordiale reste la préservation de leur modèle social, maintes fois loué pour son efficacité et son haut niveau de protections sociales. Cependant, des voix s’élèvent pour avertir que la croissance économique ne doit pas être sacrifiée à la seule quête du mieux-être social. En conclusion, la Finlande doit trouver un équilibre entre maintien de son mode de vie et renforcement de sa compétitivité pour assurer une stabilité durable à sa population et à son économie.

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