Peut-on être un bon manager à seulement 30 ans, y compris lorsque les personnes que l’on manage sont plus âgées? C’est une question qui se pose avec de plus en plus d’acuité, notamment depuis que Gabriel Attal est devenu, à 34 ans, le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la France. Outre son jeune âge, la qualité de son leadership et la reconnaissance de ses pairs, qui sont tous plus âgés que lui, sont des questions qui font l’objet de nombreux débats.
Marc Landré, associé chez le cabinet de management Sia Partners et expert de l’émission “Avec vous” sur BFM business, estime que Gabriel Attal tirera avant tout sa légitimité “de ce qu’il a fait avant” et de son bilan en politique. Pour lui, pour être un leader crédible, il faudra donc parvenir à imposer son leadership parmi ses anciers pairs qui sont tous plus âgés que lui.
“La jeunesse est de plus en plus perçue comme un atout pour ceux qui l’incarnent”
Marie-Liesse Morgaut, directrice générale de Nexmove, estime que cette situation est également valable pour les jeunes managers en entreprise. Selon elle, l’énergie, l’audace et l’innovation sont les principales qualités recherchées dans les jeunes leaders. Cependant, malgré ces atouts, il est parfois difficile de briguer un poste de responsabilité lorsqu’on n’a que la trentaine. Le syndrome de l’imposteur, où l’on doute de ses compétences et attribue ses succès à des facteurs externes plutôt qu’à ses propres mérites, est un mal commun parmi les jeunes leaders.
Marie-Liesse Morgaut conseille cependant aux jeunes managers de tenter de gérer ce syndrome en se demandant pourquoi ils ont été choisis pour leur poste. Il s’agit de réussir à identifier ses points forts et ses ressources, ainsi que sa “signature” en tant que manager.
En effet, la force d’un manager ne réside pas tant dans le fait de faire beaucoup de choses, mais plutôt dans la capacité de déléguer, selon Marie-Liesse Morgaut. Elle insiste sur le fait que le rôle d’un manager est de s’appuyer sur l’expérience des autres. Pour ce faire, il peut être utile de se demander ce que les personnes qu’il manage peuvent lui apporter, en particulier lorsque celles-ci ont des années d’expérience derrière elles.
Enfin, pour asseoir son autorité face à des personnes plus âgées que soi, pas besoin de changer son style vestimentaire ou sa manière de parler. Marie-Liesse Morgaut rappelle l’importance d’être soi-même, de ne pas changer son timbre de voix, ni sa relation aux autres. Se montrer plus dur n’est pas non plus une solution pour paraître plus crédible. Au contraire, il s’agit de trouver l’équilibre entre l’écoute et le pouvoir de dire. “Finalement, c’est l’assertivité qui permet l’autorité”, conclut-elle.
