Cloudflare fait un pari audacieux en lançant son stablecoin, le Net Dollar, dans le but de bouleverser le modèle économique du web. En effet, le géant du cloud souhaite éliminer le système de publicité qui a fait ses preuves, au profit d’un modèle de micropaiements. Ce changement pourrait bien redessiner la manière dont les créateurs de contenu monétisent leurs œuvres sur Internet, mais aussi soulever des questions sur la surveillance et la gestion des données.
Le concept de Net Dollar repose sur un système de paiement instantané où chaque article lu sur le web coûterait 1 centime. Ce stablecoin, adossé au dollar américain, vise à préserver les utilisateurs de la volatilité associée à d’autres cryptomonnaies, tel que le Bitcoin. L’idée est de permettre à tout utilisateur de recevoir une rémunération quasi instantanée pour chaque consultation de son contenu, qu’il soit en France ou que son lecteur soit au Japon. Cette approche évite les longs délais de virments tout en diminuant les coûts liés aux transactions, rendant le modèle plus accessible aux créateurs.
“La question reste de savoir si nous préférons les bannières publicitaires ou payer 1 centime par lecture.”
Cependant, une des grandes interrogations qui subsiste est celle de la source des paiements. Comment ce système va-t-il fonctionner concrètement ? Sera-t-il exclusivement alimenté par des agents d’intelligence artificielle comme ceux d’OpenAI ou Google, ou bien les utilisateurs humains devront-ils également recharger leurs navigateurs pour pouvoir accéder aux contenus ? Cette transition vers un modèle où chaque clic pourrait avoir un coût soulève des enjeux de responsabilité et de choix pour les consommateurs.
En parallèle, avec l’intégration d’une blockchain privée, Cloudflare pourrait collecter une quantité colossale de données sur les utilisateurs. Chaque visite, chaque lecture d’article serait ainsi tracée, ce qui pourrait poser des problèmes de vie privée et de surveillance. Alors que les utilisateurs se réjouissent d’une potentielle liberté de créateurs face aux géants de la publicité, la manière dont leurs données seront gérées et utilisées demeure floue et suscite des craintes.
En conclusion, même si le Net Dollar a le potentiel de redéfinir le paysage numérique et de foisonner d’opportunités pour les créateurs, il convient de garder un œil critique sur ses implications. Alors que la notion de payer pour du contenu pourrait séduire certains, d’autres pourraient préférer le statu quo, où la publicité reste le principal modèle de financement. Reste à savoir si cette initiative apportera une réelle évolution ou si elle s’ajoutera simplement à la longue liste des projets révolutionnaires qui ont échoué à s’imposer.