Le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) a tiré la sonnette d’alarme ce mercredi sur la “pénibilité invisible” que subissent les professionnels du secteur, une réalité souvent méconnue et peu prise en compte par les dispositifs officiels. Selon le syndicat, ces métiers impliquent des gestes répétitifs, tels que porter, se baisser ou manipuler des enfants, qui ne sont pas considérés comme des expositions professionnelles à risque, contrairement à ceux liés à des secteurs plus “masculinisés”.
Les chiffres donnés par le SNPPE illustrent l’ampleur de la charge physique : 5.000 tonnes soulevées, 144.000 changements de couches ou vêtements effectués, et plus d’un million d’accroupissements tout au long de la carrière d’une professionnelle. Ces gestes, pourtant quotidiens et essentiels à leur travail, provoquent des troubles musculo-squelettiques (TMS), des lombalgies, des tendinopathies, ou encore des atteintes articulaires, tous symptôme d’une usure physique cumulative. La fatigue engendrée par ces tâches répétitives ne se limite pas au corps, mais affecte également la santé mentale des professionnelles, souvent exposées à un stress accru dans un environnement à risques.
Le secteur de la petite enfance souffre d’une pénibilité qui reste invisible et non reconnue dans les dispositifs officiels, alors qu’elle mène à des conditions de travail difficiles et à des carrières précocement fragilisées.
Les chiffres de l’Assurance maladie confirment cette situation préoccupante : 56.000 heures de travail dans un environnement bruyant, 300 tonnes de matériel manipulé, et un taux d’accidents du travail supérieur à la moyenne, avec 52 accidents pour 1.000 salariés. Pourtant, ces risques ne trouvent pas leur place dans les critères de reconnaissance de la pénibilité, qui sont principalement conçus pour des métiers “masculinisés” tels que l’industrie ou le BTP. Le manque de prise en compte des gestes fragmentés et répétitifs liés à la garde d’enfants laisse une partie importante de la population active du secteur sans reconnaissance ni protection adéquate.
Face à cette réalité, le SNPPE plaide pour la reconnaissance de la petite enfance comme métier à pénibilité élevée, ainsi que pour l’intégration de ses enjeux dans le dispositif C2P (Compte Professionnel de Prévention). Il réclame également la mise en place de mesures concrètes : financement d’aménagements ergonomiques, déploiement d’un plan de prévention des TMS, ainsi qu’un meilleur accompagnement pour réduire les risques d’accidents et de maladies professionnelles. La reconnaissance de cette pénibilité permettrait non seulement une amélioration des conditions de travail, mais aussi une valorisation essentielle de ces métiers essentiels à la société.
Plus largement, le secteur de l’aide et des soins à la personne, majoritairement féminin, affiche un taux d’accidents du travail supérieur à celui des autres secteurs, avec 16 % des accidents alors qu’il ne représente que 11 % des effectifs. La spécificité de ces professions requiert une attention particulière afin de garantir la santé et la sécurité des professionnels tout au long de leur carrière. La prise en compte de la pénibilité réelle de ces métiers constitue une étape essentielle vers une reconnaissance juste et une amélioration durable des conditions de travail dans la petite enfance.
