Le projet de rénovation de la Tour Montparnasse, emblème du Paris des années 1970, pourrait enfin voir le jour après plusieurs années de controverses et de retards. La métamorphose de cet édifice de 210 mètres, longtemps critiqué pour son esthétique décalée avec le style parisien traditionnel, sera prochainement présentée au Conseil de Paris, prévu du 16 au 19 décembre. La mise en œuvre de ces travaux pourrait entraîner la fermeture temporaire du bâtiment dès le début de l’année 2026, afin de procéder aux rénovations nécessaires.
Depuis sa construction en 1973, la tour a souvent été considérée comme un symbole peu harmonieux du modernisme des années 70, suscitant autant de critiques que d’admiration. Sa silhouette, perçue comme discordante avec le paysage historique de la capitale, n’a pas permis d’effacer une certaine indifférence ou rejet populaire. Selon un article du magazine américain Architectural Digest à l’occasion du 50e anniversaire de l’édifice, « le seul gratte-ciel de Paris était toujours détesté par les Français ».
La rénovation tant attendue pourrait redonner à la Tour Montparnasse un nouveau souffle, symbole d’un Paris plus moderne et respectueux de son patrimoine.
Ce projet de transformation, initialement prévu pour coïncider avec les Jeux Olympiques de Paris 2024, a connu de nombreux obstacles, notamment des recours administratifs qui ont retardé son lancement. En 2019, un permis de construire a toutefois été approuvé, proposant une tour entièrement vitrée accueillant un hôtel, des espaces commerciaux et des services, couronnée par une serre agricole. Cependant, face aux difficultés techniques et aux questions de coûts, le projet doit aujourd’hui être ajusté à la baisse, avec un permis modifié déposé en novembre dernier. La nouvelle version prévoit des travaux « moins lourds », avec une réduction de la hauteur de 12 mètres et une baisse de surface, le tout pour environ 749 millions d’euros.
La fin du suspense pourrait intervenir dès 2026, date à laquelle la tour pourrait fermer ses portes temporairement pour permettre des travaux de grande envergure. La Préfecture de Police de Paris a déjà notifié la fermeture du bâtiment aux copropriétaires, qui pourrait intervenir avant juin. Cette étape vise à accélérer les travaux sur l’ensemble de la structure, notamment pour traiter les dysfonctionnements liés au système d’alarme incendie, souvent accompagnés de poussières d’amiante toujours présentes dans le bâtiment, un problème dénoncé depuis plus de vingt ans par l’Andeva. La gestion de cette contamination constitue un défi majeur pour assurer la sécurité des occupants et des futurs usagers.
Le dossier de la rénovation demeure complexe, notamment en raison de la présence historique d’amiante, détectée dès 2005. Un programme de désamiantage a été lancé en 2006, mais les difficultés techniques et les divergences sur la méthode à adopter ont freiné sa réalisation. La division entre ceux qui prônaient une rénovation totale en fermant la tour et ceux préférant une démarche progressive a expliqué en partie les retards. La région Île-de-France a même décidé de se retirer du projet en 2014. Aujourd’hui, la rénovation pourrait également s’étendre au centre commercial de la tour, suite à un accord récent entre la ville de Paris et les copropriétaires de l’Ensemble immobilier de la tour Maine-Montparnasse (EITMM).
En définitive, après un long parcours administratif et technique, la restauration de la Tour Montparnasse semble enfin entrer dans une phase concrète, visant à transformer un symbole contesté en un joyau modernisé, intégrant mieux le paysage parisien tout en répondant aux enjeux de sécurité et d’aménagement urbain.
