Depuis 2019, la région Centre-Val de Loire, reconnue comme le territoire français avec la plus faible densité de médecins généralistes, a entrepris d’embaucher 69 professionnels de santé pour pallier un déficit alarmant. Ce défi de recrutement se heurte à de nombreuses difficultés, mais la région reste déterminée à améliorer l’accès aux soins pour ses habitants. À Patay, un petit village de la Beauce de 2.190 habitants, l’arrivée de nouveaux médecins a été saluée comme un véritable “soulagement” par des patientes comme Jacqueline Guignard, retraitée de 76 ans, qui n’avait plus de médecin traitant depuis plusieurs années.
Les consultations s’enchaînent au centre de santé de Patay, l’un des vingt centres où les médecins salariés par la région exercent. Trois médecins ont choisi le salariat plutôt que la pratique libérale, dont Mathilde Pottier, 30 ans, qui exprime sa satisfaction de pouvoir se concentrer uniquement sur le médical. “Dans le libéral, les contraintes horaires et administratives étaient trop lourdes”, explique-t-elle. Grâce à la présence de secrétaires médicales au centre, elle a pu se dégager du temps pour répondre à un “vrai besoin” des patients.
“Il reste beaucoup à faire, bien sûr, mais face à une telle préoccupation, c’est assez significatif”, conclut François Bonneau.
Un autre témoignage, celui de Belkacem Otsmane, médecin dans un centre à Saint-Pierre-des-Corps, fait écho à cette satisfaction. Éreinté par la paperasse de l’exercice libéral, il privilégie désormais un environnement où “tout est mis à disposition du médecin”. Les précédentes décennies ont vu une diminution des médecins libéraux dans la métropole de Tours, rendant la situation d’autant plus critique avec des plannings devenus très chargés. Le Dr Otsmane souligne l’importance de permettre un suivi médical efficace pour éviter des hospitalisations inutiles.
Selon les chiffres de la Région, le Centre-Val de Loire est le dernier en termes de densité médicale, avec seulement 101,8 médecins pour 100.000 habitants, contre une moyenne nationale de 125,2. Près de 25% des habitants se retrouvent sans médecin traitant. Le président de la région, François Bonneau, indique que des initiatives ont été multipliées pour remédier à cette situation. Bien que la promesse initiale de 150 médecins d’ici 2025 ne soit pas encore atteinte, Bonneau reste optimiste sur la montée en puissance de ce dispositif.
Un rapport de la chambre régionale des comptes de 2023 a remis en question l’efficacité du modèle, indiquant qu’il n’avait pas encore prouvé sa valeur ajoutée. Malgré cela, des progrès notables ont été réalisés, avec déjà 75.000 consultations effectuées par les médecins salariés en 2025 et plus de 27.000 habitants bénéficiant d’un médecin traitant grâce à ce programme. “Nous avons été précurseurs dans cette initiative, et c’est encourageant de voir d’autres régions emboîter le pas”, conclut François Bonneau, tout en mettant en garde contre une concurrence accrue pour attirer des professionnels de santé dans un contexte de difficulté de recrutement croissante.