En opposition avec la volonté gouvernementale de réduire la durée d’indemnisation des chômeurs à 15 mois, les députés se sont prononcés ce mercredi en faveur d’un texte du groupe indépendant Liot, appelant à inscrire dans la loi les 18 mois d’indemnisation. Attendue dans l’hémicycle le 13 juin, cette proposition a été adoptée à quatre jours des élections européennes, marquant l’opposition de la gauche et du RN à la réforme laborieuse de l’exécutif.
La réforme actuelle, voulue par le gouvernement à partir du 1er décembre, vise à réduire la durée d’indemnisation de Chômage en passant de 18 à 15 mois et à modifier les règles d’indemnisation. Les nouvelles conditions exigeraient 8 mois travaillés sur les derniers 20 mois, au lieu de 6 des 24 précédents. Pour mettre en œuvre cette réforme, l’exécutif n’a pas besoin de texte législatif, bien qu’elle soit farouchement combattue par les principaux syndicats : CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC.
En réponse à ces mesures que beaucoup qualifient de précarisantes, Liot a lancé son initiative symbolique, démontrant l’absence de majorité à l’Assemblée Nationale pour la réforme du Premier ministre Gabriel Attal.
Plusieurs députés ont jugé cette réforme de l’assurance-chômage comme étant une attaque contre les chômeurs. A l’extrême gauche, Louis Boyard (LFI) a décrié cette volonté de “précariser les chômeurs”, tandis que le socialiste Boris Vallaud a accusé le gouvernement de chercher à “construire une société de travailleurs pauvres et de tâcherons”. A l’extrême droite, Emmanuel Taché de la Pagerie (RN) a dénoncé cette “casse sociale”.
De son côté, la majorité a reproché à Liot de vouloir revenir presque en totalité sur les réformes de l’assurance-chômage, qui ont pourtant permis, selon Marc Ferracci (LREM), “la création de plus de 2 millions d’emplois depuis 2017”. Nicolas Turquois (MoDem) a également critiqué Liot, l’accusant de vouloir “maintenir à tout prix le statu quo”, après un “coup politique et médiatique” similaire à propos de la réforme des retraites en 2023.
L’issue du vote sur le texte en séance le jeudi 13 juin dépendra en partie de la position des députés LR et de leur mobilisation dans l’hémicycle. En ce qui concerne son avenir législatif, celui-ci est encore très incertain au Sénat.