L’Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) du Royaume-Uni lance des enquêtes préliminaires pour déterminer si les liens étroits et les pratiques d’embauche entre Microsoft, Amazon et trois startups de l’IA entrent dans le champ d’application de ses règles en matière de fusion, et si ces arrangements pourraient avoir un impact sur la concurrence sur le marché britannique. Cette annonce intervient alors que les pratiques de fusion et acquisition de la Big Tech dans le monde de l’IA sont de plus en plus scrutées. Les critiques avancent que le concept de “quasi-fusion” émerge comme une façon de contourner la surveillance réglementaire.
Plus tôt cette année, la Federal Trade Commission (FTC) a lancé ses propres enquêtes sur Alphabet, Amazon et les divers investissements de Microsoft dans les entreprises d’IA émergentes pour établir si les “partenariats poursuivis par les entreprises dominantes risquent de déformer l’innovation et de miner une concurrence équitable”. Parallèlement, la gouvernance des “modèles fondamentaux” (également appelés “modèles de base” ou “modèles de frontière”) a également été à l’ordre du jour réglementaire en Europe et ailleurs. Les modèles fondamentaux sont essentiellement l’infrastructure sur laquelle d’autres systèmes IA peuvent être construits, et ils servent de modèles à grande échelle qui peuvent être utilisés pour une variété de tâches.
“Les modèles fondamentaux ont le potentiel de changer fondamentalement notre façon de vivre et de travailler, y compris les produits et les services dans de nombreux secteurs britanniques – santé, énergie, transport, finance et plus encore”, a déclaré Joel Bamford, directeur exécutif des fusions à la CMA.
Ce dernier a également déclaré que le régulateur invitait les parties concernées à faire part de leurs commentaires dans le cadre de la collecte de preuves. La CMA évalue si ces divers partenariats sont similaires à des fusions d’un point de vue réglementaire, et s’ils pourraient avoir un impact sur la concurrence dans l’industrie de l’IA en pleine expansion au Royaume-Uni. Le Royaume-Uni a précédemment fait part de ses préoccupations sur la manière dont la création de partenariats impliquant des “acteurs clés” dans l’espace des modèles de base pourrait aider les “entreprises technologiques en place” (c’est-à-dire, la Big Tech) à se protéger de la concurrence.
Une acquisition directe attirerait sans aucun doute l’attention des régulateurs, mais les partenariats, les investissements et les “acquisitions de compétences” pourraient être une manière de contourner cette surveillance. L’investissement de Microsoft et son partenariat étroit avec le fabricant de ChatGPT, OpenAI, ont attiré l’attention de la CMA fin de l’année dernière. Microsoft a également récemment investi dans Mistral AI, une startup française d’IA travaillant sur des modèles fondamentaux. Un porte-parole de Microsoft a déclaré que l’entreprise fournira toutes les informations nécessaires à la CMA pour mener à bien ses enquêtes rapidement.
Amazon, pour sa part, a récemment achevé un investissement de 4 milliards de dollars dans Anthropic, une autre entreprise américaine d’IA travaillant sur des modèles de langage de grande envergure. Un porte-parole d’Amazon a qualifié la démarche de la CMA de “sans précédent”. L’invitation initiale de la CMA à faire des commentaires est ouverte jusqu’au 9 mai, période connue sous le nom de “pré-notification”. Cela pourrait aboutir à une “phase 1” d’examen formel engageant directement les entreprises ciblées, dans ce cas, Microsoft et Amazon.
