Un poste de travail sur dix en France est occupé par un travailleur immigré, un chiffre qui grimpe à 22% dans la région parisienne.Ces travailleurs exercent souvent des métiers en tension, soumis à des conditions de travail difficiles.Lundi, à la surprise générale, l’Assemblée nationale a adopté une motion de rejet préalable au projet de loi sur l’immigration, porté par le ministre Gérald Darmanin, mettant ainsi fin aux débats autour de ce texte.
Mardi, suite à une réunion à l’Élysée, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a annoncé que l’exécutif a décidé de convoquer une commission mixte paritaire pour tenter de contourner les obstacles. L’exécutif va probablement devoir faire des concessions pour y parvenir. Une mesure divise particulièrement les rangs : la régularisation de certains travailleurs dans les professions sous tension. Cependant, son abrogation pourrait engendrer une crise au sein de la majorité, alors que certaines industries font face à une pénurie de main-d’oeuvre.
La régularisation des travailleurs sans-papiers est un enjeu majeur, alors que 10% des emplois en France sont déjà occupés par ces personnes.
70% des travailleurs immigrés sont originaires d’un pays hors de l’Union Européenne, et aujourd’hui représentent 10,2% de l’emploi total en France, selon une enquête de la Dares. C’est un nombre semblable à celui de la population immigrée par rapport à la population totale (7 millions d’immigrés, soit 10,3% de la population, dont 2,5 millions ont obtenu la nationalité française).
La moitié des actifs immigrés travaillent dans le secteur des services. Ils sont souvent employés dans des professions exposées à des conditions de travail difficiles et à des tensions de recrutement. Ce groupe est sur-représenté dans certaines professions. Par exemple, près de quatre employés de maison sur dix (38,8%) sont des personnes immigrées. Cette population représente également 28,4% des agents de gardiennage et de sécurité, 27% des ouvriers non qualifiés de la construction, et 22% des cuisiniers. En Île-de-France, la proportion de travailleurs immigrés parmi les travailleurs est encore plus importante (22% des emplois de la région).
Selon une étude de l’Insee publiée fin 2022, 12 professions recrutent le plus de main-d’oeuvre immigrée en Île-de-France. Ce sont les mêmes métiers qu’à l’échelle nationale, mais les proportions sont plus importantes. Par exemple, 61,4% des aides à domicile et aides ménagères travaillant en Île-de-France sont d’origine immigrée. De même, 60,8% des ouvriers non qualifiés dans l’industrie du bâtiment sont d’origine immigrée, ainsi que 50% des cuisiniers.
Comme le résume l’Insee, la majorité des métiers occupés par des personnes immigrées nécessitent peu de qualifications. Les travailleurs immigrés en Île-de-France sont principalement des ouvriers (24%) ou des employés (32%). En général, ces métiers ont des conditions de travail plus contraignantes que la moyenne, avec de nombreux efforts physiques, des tâches répétitives, et des horaires atypiques.