La guerre des talents dans le secteur de l’intelligence artificielle ne montre aucun signe de ralentissement, avec des entreprises qui font régulièrement la une pour leurs recrutements de haut niveau. Ces mouvements incluent souvent le poaching d’ingénieurs entre sociétés ou des opérations d’acquisition par intégration (“acqui-hiring”), mais aussi, de plus en plus, le recrutement de dirigeants seniors capables de soutenir la croissance de ces entreprises. Récemment, moins de dix jours après que Denise Dresser, CEO de Slack, est devenue directrice des revenus d’OpenAI, c’est l’ancien ministre britannique des Finances, George Osborne, qui a annoncé sa collaboration avec Sam Altman, le fondateur d’OpenAI.
Ce n’est pas la seule étape marquante : peu après, la société de cryptomonnaie Coinbase a également désigné Osborne pour diriger son conseil consultatif interne. Ces annonces attirent particulièrement l’attention au Royaume-Uni, où de nombreux observateurs notent que Osborne rejoint une liste grandissante d’anciens politiciens britanniques qui travaillent désormais pour de grandes entreprises technologiques américaines. Si vous ne connaissez pas bien son parcours ou cette tendance, voici ce qu’il faut retenir : le phénomène de la “revolving door” entre secteur public et privé n’est pas nouveau, mais il suscite désormais une attention accrue, en particulier en Europe, face à la montée de ces figures politiques dans le domaine de la tech.
George Osborne, diplômé d’Oxford et fils d’un baronnet, a occupé plusieurs fonctions politiques, notamment celle de Chancelier de l’Échiquier de 2010 à 2016, un poste équivalent à celui de ministre des Finances ou secrétaire au Trésor dans d’autres pays. Après la démission du Premier ministre David Cameron suite au vote Brexit en 2016, il quitte la vie politique en 2017. Par la suite, il s’engage dans le secteur privé avec des activités variées, notamment en tant qu’advisor chez BlackRock, et en tant que directeur de la rédaction de l’Evening Standard de 2017 à 2020. En parallèle, il co-fonde le fonds de capital-risque 9yards Capital, avec son frère Theo et David Fisher, dont plusieurs entreprises dans le portefeuille ont connu le succès, telles que Robinhood, Toast, et Coinbase.
“Le recrutement d’anciens responsables politiques par les géants de la tech reflète une tendance où l’expérience gouvernementale devient un atout stratégique pour peser dans la régulation et la diplomatie numérique.”
Son nouveau rôle chez OpenAI, qu’il a annoncé sur X (anciennement Twitter), le voit occuper le poste de « managing director and head of OpenAI for Countries », basé à Londres. Son objectif est d’étendre les partenariats existants et d’en construire de nouveaux, notamment en aidant à développer l’initiative « OpenAI for Countries », une extension du projet Stargate. Cette dernière implique la création de cinq nouveaux centres de données en partenariat avec Oracle et SoftBank, visant à soutenir la construction d’une infrastructure d’IA démocratique, adaptée aux langues et cultures locales. Au-delà de l’aspect infrastructure, l’objectif est de « soutenir les pays dans le développement d’une IA respectueuse des principes démocratiques », soulignent les responsables d’OpenAI.
Ce recrutement illustre la nécessité pour la firme de la Silicon Valley d’attirer des talents prestigieux capables de faire levier dans un contexte où l’IA devient une infrastructure critique. Avec son réseau étendu et ses connexions politiques, Osborne pourrait jouer un rôle clé, notamment pour Coinbase, où il conseillait déjà, mais également en aidant à influencer les politiques publiques à l’échelle mondiale. La régulation et la gouvernance de l’IA, considérées comme des enjeux cruciaux pour l’avenir, deviennent un terrain de jeu pour ces anciens responsables qui possèdent une connaissance approfondie des mécanismes politiques et réglementaires.
