Le dispositif France Travail a récemment renforcé son personnel en intégrant 954 psychologues répartis dans 896 agences à travers la France, afin de mieux accompagner les demandeurs d’emploi confrontés à des traumatismes ou des difficultés psychologiques liées à leur parcours professionnel. Leur rôle consiste à écouter, conseiller et aider ces individus, souvent en grande souffrance, à surmonter des obstacles émotionnels qui compliquent leur retour à l’emploi.
Dans l’agence située à Ingré, près d’Orléans, Mélanie Cordazzo, l’une de ces psychologues, accompagne une petite partie des demandeurs d’emploi, notamment ceux ayant subi harcèlement ou licenciement, ou encore des jeunes diplômés en quête de sens. Ces rendez-vous permettent aux demandeurs de “porter un autre regard” sur eux-mêmes, en leur apportant un soutien psychologique crucial dans un contexte où la santé mentale est particulièrement fragilisée, d’après un rapport de l’Unedic.
« La santé mentale des chômeurs est fragile, souvent contrariée par la stigmatisation sociale et des doutes profonds sur leur propre motivation. Leur bien-être psychologique nécessite une attention particulière, pour éviter que la souffrance ne s’inscrive durablement. »
Selon ce rapport, 41% des chômeurs subissent des critiques qui remettent en cause leur sincérité dans leur recherche d’emploi, tandis que 64% sont soupçonnés d’être peu actifs malgré leurs efforts. Ces stéréotypes nourrissent un mal-être que les psychologues tentent de dissoudre en proposant un accompagnement personnalisé, notamment pour aider à retrouver confiance en soi et à gérer le stress lié à la dépendance aux allocations.
Cependant, ces actions se heurtent à une réalisation paradoxale : leur objectif initial, qui est de réinsérer rapidement les demandeurs dans le marché du travail, peut entrer en conflit avec la nécessité de prendre le temps d’assumer et de traiter ces traumatismes. Le rapport des chercheurs Antoine Duarte, Stéphane Le Lay et Fabien Lemozy souligne que cette tension peut compliquer la mission des psychologues, dont le travail va au-delà d’un simple suivi technique pour englober la reconnaissance des souffrances profondes.
Alors que la mobilisation des psychologues constitue une avancée significative face à une crise de santé mentale croissante, leur apport reste limité par un manque criant de moyens humains et financiers. Néanmoins, la majorité des demandeurs qui bénéficient de cet accompagnement ressortent souvent soulagés d’avoir été entendus et soutenus dans leur détresse, ce qui constitue une étape essentielle vers leur réinsertion professionnelle et sociale.
