Un risque deux fois plus élevé chez les 18-24 ans : les jeunes paraissent plus “surexposés” aux discriminations à l’emploi qu’il y a dix ans

Une étude récente, menée en partenariat avec l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et réalisée à partir d’une enquête comparant les données de 2016 et 2024, met en lumière une augmentation préoccupante des discriminations à l’embauche et dans le déroulement de carrière, en particulier pour les jeunes et les personnes issues de minorités. Selon la Défenseure des droits Claire Hédon, plus de 90 % des personnes interrogées considèrent qu’il existe des discriminations dans le monde professionnel, avec une jeunesse qui en paraît particulièrement “surexposée” depuis 2016.

Les résultats de l’étude révèlent que 43 % de la population perçoit que des personnes sont souvent traitées de manière défavorable ou discriminées lors de leur recherche d’emploi, contre 52 % qui pensent que ces discriminations ne se produisent “parfois”. Parmi les facteurs évoqués, l’âge arrive en tête, avec 42 % des concernés déclarant en avoir été victimes. L’origine et la couleur de peau, quant à elles, constituent des motifs significatifs de discrimination, avec 21 %. Les personnes perçues comme noires, arabes ou maghrébines ont un risque 2,8 fois supérieur de déclarer avoir été discriminées lors de leur recherche d’emploi, une hausse notable par rapport à 2016, où ce risque était de 2,2 fois plus élevé.

Les jeunes, principaux acteurs de cette amplification des discriminations, se heurtent à un environnement professionnel de plus en plus hostile, avec des questions interdites lors des entretiens d’embauche et une image sociale souvent dévalorisante.

Les jeunes âgés de 18 à 24 ans sont deux fois plus susceptibles de rapporter des expériences discriminatoires que les personnes âgées de 45 à 54 ans, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’impact de ces pratiques sur leur insertion dans la vie active. La Défenseure des droits pointe également l’effet délétère de ces discriminations précoces, qui peuvent entraver leur confiance en eux et leur perception du monde du travail. De plus, certains biais persistent tout au long de la carrière, notamment par le biais d’un “plafond de verre” qui limite l’accès des femmes à des postes à responsabilité, avec des évolutions salariales plus lentes et moins d’opportunités de promotion.

En 2024, près d’une personne sur cinq (21 %) a déclaré avoir subi une discrimination dans sa carrière, dont 41 % mentionnent le sexe comme motif principal. L’étude souligne que les femmes, qu’elles soient diplômées ou non, ont deux fois plus de risques de faire face à des discriminations que les hommes, un chiffre en augmentation par rapport à 2016. Malgré ces constats alarmants, le recours aux voies de recours reste faible, en partie en raison de la crainte de représailles ou d’un manque d’information, déplore la Défenseure. Elle appelle ainsi à une meilleure sensibilisation des employeurs, à des sanctions renforcées et à une formation pour déconstruire les stéréotypes et lutter efficacement contre ces formes de discrimination.

Partagez cet article
article précédent

Annulation d’une Formation : conditions, impacts, bonnes pratiques

article suivant

Parution du décret relatif à la formation des responsables syndicaux agricoles – Centre Inffo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Lire plus d'articles