Le groupe informatique américain HP a annoncé mardi 25 novembre un plan de suppression massive d’emplois, pouvant atteindre entre 4 000 et 6 000 postes d’ici la fin de 2028. Cette décision s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer la productivité de l’entreprise à travers l’intégration de l’intelligence artificielle (IA), une démarche qui suscite déjà beaucoup de réactions sur le marché et dans le monde du travail.
Avec environ 58 000 salariés selon son dernier rapport annuel, HP pourrait ainsi réduire ses effectifs de plus de 10 %, une première dans l’histoire récente d’une entreprise aussi importante qui établit un lien explicite entre la réorganisation de ses ressources humaines et l’adoption de nouvelles technologies. La démarche du groupe de Palo Alto, née en 2015 après la scission de Hewlett-Packard, témoigne de l’ampleur du changement en cours dans le secteur technologique.
“Ce plan vise à faire progresser la satisfaction des clients, l’innovation et la productivité, en intégrant l’IA dans tous les aspects de l’activité.”
Les économies escomptées grâce à cette transformation sont considérables : HP prévoit générer environ un milliard de dollars d’économies en rythme annuel d’ici 2028, en contrepartie de coûts de restructuration estimés à 650 millions de dollars. Cette stratégie intervient dans un contexte où l’entreprise n’a vu que peu de croissance ces dix dernières années, avec une augmentation de 7 % de son chiffre d’affaires depuis la scission d’Hewlett-Packard. La récente annonce a cependant soulevé une forte réaction négative du marché boursier, HP voyant son titre chuter de près de 6 % après la publication de ses prévisions pour 2026.
La réaction de Wall Street illustre les défis que représente cette réduction d’effectifs couplée à une transformation technologique majeure. En effet, si l’adoption de l’IA pourrait générer de nouvelles fonctions et emplois, la rapidité de sa déploiement laisse craindre une perte massive d’emplois en peu de temps, ce qui complexifie la reconversion professionnelle et le maintien de l’emploi pour de nombreux salariés.
“Si 30 % des métiers disparaissent sur 30 ans, on peut prévoir une adaptation des formations ; si cela se passe en 3 ans, c’est beaucoup plus difficile.”
HP n’est pas la seule entreprise technologique à procéder à des coupes importantes dans ses effectifs ces dernières années. Amazon, par exemple, a annoncé en octobre la suppression nette de 14 000 postes, tout en confirmant que le déploiement de l’IA générative pourrait à terme réduire davantage ses effectifs. Cette tendance soulève la question de l’avenir de l’emploi dans un secteur en pleine mutation technologique, où l’IA promet de transformer profondément les métiers et les compétences requises.
Ce mouvement soulève également un débat sur la vitesse à laquelle ces bouleversements doivent être gérés. La crainte d’un remplacement massif d’emplois en très peu de temps, sans possibilité d’adaptation, alerte de nombreux spécialistes du travail et de la sociologie. La transition vers une économie dominée par l’intelligence artificielle nécessite non seulement des investissements technologiques, mais aussi une réflexion approfondie sur la formation, la reconversion et la protection sociale des travailleurs face aux changements rapides à venir.
