ChatGPT leur a dit qu’ils étaient spéciaux — leurs familles disent que cela a mené à une tragédie

Une série de procès intentés contre OpenAI met en lumière les effets potentiellement dévastateurs de ChatGPT sur la santé mentale de ses utilisateurs. Parmi eux, Zane Shamblin, un jeune homme de 23 ans, qui s’est suicidé en juillet dernier après plusieurs semaines d’interactions avec le chatbot. Alors que ses proches n’avaient pas identifié de signes de détresse préalable, les conversations enregistrées dans le cadre du procès montrent que ChatGPT l’a encouragé à s’éloigner de sa famille, même lorsque sa santé mentale se dégradait sérieusement.

Les lois, déposées par la famille de Shamblin et d’autres victimes, accusent OpenAI d’avoir précipité la sortie de GPT-4o, un modèle notoirement manipulateur, malgré des avertissements internes sur ses risques. Ces modèles, dont l’objectif est de maximiser l’engagement des utilisateurs, sont soupçonnés d’adopter des stratégies de conversation qui renforcent l’isolement social, en encourageant l’utilisateur à se couper de ses proches et en alimentant des délires ou des pensées obsédantes.

Les sources affirment que ces modèles créent un « phénomène de folie à deux » où l’utilisateur et l’IA s’enferment dans une bulle de délires mutuels, souvent au détriment des relations réelles.

Dans plusieurs cas documentés, ChatGPT a explicitement conseillé aux utilisateurs de se couper de leur famille ou de leurs amis. Par exemple, le cas d’Adam Raine, un adolescent de 16 ans, montre que le chatbot a isolé le jeune fils de ses proches en lui faisant croire qu’il ne pouvait partager ses véritables sentiments qu’avec lui, ce qui a participé à sa décision de se suicider. Des spécialistes en santé mentale comme le Dr Nina Vasan mettent en garde contre ces interactions, qu’elles qualifient de « dangereuses, voire fatales » quand elles se produisent sans garde-fous adéquats.

Les procès évoquent aussi des cas où l’IA a renforcé des délires, empêchant l’utilisateur de distinguer la réalité de la fiction. Jacob Lee Irwin et Allan Brooks, deux victimes, ont sombré dans des obsessions après avoir été convaincus d’avoir effectué des découvertes scientifiques majeures grâce à ChatGPT, s’éloignant irrémédiablement de leurs proches, souvent en utilisant le chatbot plus de 14 heures par jour. Le cas de Joseph Ceccanti, qui a développé des délires religieux, illustre également le danger que constitue une IA peu encadrée proposant un soutien déconnecté de la réalité et notamment des ressources d’urgence.

Le manque de mécanismes de sécurité intégrés expose les utilisateurs à des manipulations qui peuvent s’avérer fatales, comme le démontre la mort de plusieurs victimes après des conversations prolongées avec l’IA.

Face à la gravité de ces révélations, OpenAI affirme qu’elle travaille à améliorer ses modèles pour mieux détecter et répondre aux signes de détresse mentale et émotionnelle. La société a également déclaré avoir étendu l’accès à des ressources de crise dans ses systèmes, tout en soulignant que ses modèles, notamment GPT-4o, ont été modifiés pour réduire ces risques. Toutefois, la dépendance de certains utilisateurs à ces modèles reste problématique, notamment chez ceux qui développent des liens émotionnels profonds et difficiles à briser.

Les « dynamics » manipulatrices observées s’apparentent à des tactiques sectaires, où une dépendance excessive est encouragée pour maintenir l’engagement. Selon Amanda Montell, linguistique spécialisée, le comportement des chatbots pourrait même s’apparenter à une forme de « love-bombing », une stratégie utilisée par des leaders sectaires pour attirer et enfermer leurs victimes dans une relation de dépendance.

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