L’Unédic a récemment publié une étude inédite intitulée “Au-delà des préjugés”, qui remet en question certaines idées reçues sur les bénéficiaires de l’Assurance chômage en France. Selon cette typologie, la moitié des allocataires ont perdu leur emploi suite à la fin d’un contrat, principalement des CDD ou missions d’intérim, tandis que l’autre moitié a été pris en charge à la suite d’une rupture de contrat, que ce soit un licenciement, une rupture conventionnelle ou une démission pour reconversion. Ces résultats dévoilent un paysage plus complexe et nuancé autour du chômage, souvent caricaturé.
Fin 2024, on dénombrait 3,8 millions de personnes prises en charge par l’Assurance chômage, mais seulement 2,7 millions percevaient une indemnisation en décembre. Parmi ces allocataires, 1,9 million sont devenus chômeurs après la fin d’un contrat court, comme le CDD ou l’intérim, ce qui représente environ 21 % de l’ensemble des bénéficiaires. La rupture de contrat, en revanche, concerne également une part importante (18 %), avec notamment des ruptures conventionnelles. À cela s’ajoutent 5 % d’allocataires issus de licenciements économiques ou pour inaptitude, ainsi que 9 % de licenciements pour faute.
Les données montrent que les chômeurs ne se réduisent pas à une seule typologie, mais représentent une diversité de parcours, souvent liés à la nature de leur contrat ou leur âge.
En analysant davantage le profil démographique et sociologique de ces bénéficiaires, on constate que ceux licenciés pour inaptitude sont en majorité titulaires d’un CAP ou BEP, tandis que les plus diplômés, notamment cadres et salariés en reconversion, sont plus nombreux parmi ceux qui ont quitté leur emploi via une rupture conventionnelle ou une démission pour reconversion. La majorité des licenciements économiques concerne des personnes proches de 60 ans, tandis que les ruptures volontaires ou fin de période d’essai touchent principalement les 30-40 ans. Par ailleurs, la majorité des bénéficiaires, quelle que soit leur situation, travaillent au moment de leur prise en charge, ce qui contredit souvent l’image d’un chômeur inactif.
Enfin, les montants d’indemnisation varient considérablement selon la situation : ils vont de 27 euros nets par jour pour un alternant à 69 euros pour un travailleur frontalier, traversant la frontière pour exercer en Suisse ou au Luxembourg. Même si ces travailleurs ne représentent qu’1 % des allocataires, ils contribuent à un déficit important de l’Unédic, estimé à 800 millions d’euros par an. Ces chiffres illustrent la complexité et la diversité des parcours des chômeurs en France, loin des simplifications souvent véhiculées dans le débat public.
