À un moment où l’ère de l’IA semble prometteuse pour le secteur des technologies, elle lui offre également un second souffle surprenant. L’industrie du fracturation hydraulique, qui a été souvent critiquée par les mouvements écologistes pour la pollution des nappes phréatiques et les tremblements de terre engendrés, profite désormais d’une nouvelle demande. Des entreprises d’IA construisent d’énormes centres de données près des principaux sites de production de gaz, utilisant souvent des combustibles fossiles pour alimenter ces installations. Ce phénomène, en partie éclipsé par les relations entre l’IA et la santé ou la lutte contre le changement climatique, pourrait transformer et poser des questions délicates pour les communautés qui accueillent ces projets.
Un exemple récent a été rapporté par le Wall Street Journal, révélant que Poolside, une start-up d’assistant de codage, construit un complexe de centres de données sur plus de 500 acres au Texas, à environ 300 miles à l’ouest de Dallas. Ce projet, intitulé Horizon, est conçu pour produire deux gigawatts de puissance de calcul, ce qui équivaut à la capacité électrique du barrage Hoover, mais en utilisant du gaz fracturé. Poolside se développe en collaboration avec CoreWeave, qui fournit l’accès à plus de 40 000 unités de processeurs Nvidia nécessaires au fonctionnement du centre. Ce secteur est décrit par le Journal comme un “Far West énergétique”, une métaphore révélatrice de l’état actuel des choses dans cette industrie.
Le défi principal est que les populations locales, souvent laissées pour compte, seront les premières à payer les conséquences financières et environnementales de cette expansion.
La situation suscite des inquiétudes croissantes parmi les résidents, comme Arlene Mendler, qui vit à proximité du centre Stargate d’OpenAI. Après avoir cherché la paix et la tranquillité pendant 33 ans, elle se retrouve maintenant entourée de bulldozers et de bruits de construction incessants. Les préoccupations concernant l’approvisionnement en eau s’ajoutent à la liste des inquiétudes, car la région du Texas est sujette à la sécheresse. Même si certaines entreprises affirment que leurs systèmes de refroidissement nécessiteront peu d’eau, des experts préviennent que la demande en électricité créera une consommation indirecte d’eau inquiétante pour les populations locales.
De manière similaire, Meta s’engage dans des projets massifs, comme celui de construire un centre de données pouvant s’étendre sur 1 700 terrains de football en Louisiane, nécessitant une puissance considérable, avec des infrastructures à base de gaz d shale à proximité. Les résidents se sentent aussi accablés par le bruit et les effets sur leur environnement. De plus, l’argument géopolitique est souvent avancé, où les entreprises d’intelligence artificielle justifient le recours à ces énergies fossiles comme étant indispensable pour rivaliser avec d’autres nations, notamment la Chine.
Ce phénomène, qui s’étend rapidement, pourrait avoir des répercussions significatives si les conditions du marché changent, laissant derrière elles des infrastructures coûteuses et obsolètes. Certaines études indiquent par ailleurs que de nombreux centres de données utilisent de l’énergie qui pourrait être optimisée, suggérant une alternative à l’expansion rapide des infrastructures à base de combustibles fossiles. Les investissements dans des solutions énergétiques plus durables et les alternatives telles que les réacteurs modulaires semblent encore loin d’être mis en œuvre à grande échelle.
Pour résumer, alors que les technologies d’IA continuent d’avancer, leur dépendance à l’égard des sources d’énergie fossiles interroge la durabilité de ces infrastructures, laissant à réfléchir sur le prix réel de cette révolution technologique. Les communautés touchées, souvent ignorées, se retrouvent en première ligne face à des défis environnementaux et financiers. Dans ce contexte, la question demeure : quelles conséquences ces projets auront-ils sur les habitants et l’environnement à long terme ?